La Green Tech ou comment allier numérique et écologie ?

Quelles sont les bonnes pratiques Green Tech à adopter pour aller ensemble vers une consommation plus responsable ? Bela Loto Hiffler, fondatrice de Point de M.I.R (Maison de l'Informatique Responsable) était notre invitée pour cette troisième semaine de Summer School. En voici un résumé.

Le déclic : révélation sur l'impact du numérique

Avant de se consacrer à Point de M.I.R, Bela Loto a été professeure de Sciences Economiques puis Ingénieure Son. Elle nous confie avoir eu cette "fascination" pour les nouveautés et les innovations numériques que beaucoup d'entre nous connaissent bien.

Quel a été le catalyseur de sa prise de conscience ?

La vision d'un documentaire il y maintenant 10 ans lui a révélé que le numérique pouvait être matériel, puisqu'il a un impact environnemental. Elle se consacre alors à l'étude des problèmes écologiques liés au numérique. L'objectif de Point de M.I.R est donc le développement d'un numérique plus responsable".

"Le numérique ne peut pas être responsable [...] en revanche, nos pratiques numériques peuvent être plus responsables". Belo Loto Hiffler

Impact du numérique : quelles sont les causes ?

Il y a quatre indicateurs de l'impact du numérique.

  • Le premier est l'équivalent en CO2 qui contribue au réchauffement climatique (émissions de gaz à effet de serre, GES). S'il est le plus connu, cet indicateur n'est en réalité pas le plus important du point de vue de l'impact écologique du numérique.
  • Le second indicateur, qui lui est primordial, est les ressources abiotiques, c'est-à-dire les ressources non renouvelables : ce sont les métaux rares extraits afin de produire nos appareils numériques. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les métaux rares sont des ressources limitées, amenées à disparaître une fois que l'on aura exploité tous les gisements. L'extraction est donc à la fois polluante et appauvrissante pour la planète.
  • Le troisième indicateur est celui de l'énergie primaire nécessaire à la fabrication de l'électricité, elle-même primordiale pour la conception et l'utilisation du numérique.
  • Enfin, le quatrième indicateur désigne la tension sur l'eau douce. En effet, de grandes quantités d'eau sont utilisées pour fabriquer nos technologies et l'énergie primaire, ce qui participe du stress hydrique actuel.  

Quelles sont les conséquences ?

Le chiffre est encore méconnu mais il est important : un peu plus de 4% des émissions mondiales de CO2 sont dues au numérique. Ce secteur émet en fait deux fois plus de gaz à effet de serre qu'en 2007, date de publication des premiers chiffres. La France n'est pas bien classée avec 5% de ces émissions, soit plus que la moyenne mondiale.

Pour se rendre compte de l'impact sur l'environnement, il faut se pencher sur les tendances. Celles-ci indiquent que le numérique représente deux fois plus d'émissions que l'aviation... C'est en effet le secteur qui évolue le plus rapidement avec une augmentation de 10% par an des émissions en gaz à effet de serre.

L'impact du numérique se joue lors des trois phases suivantes : extraction et fabrication, usage, fin de vie. À elle seule, la première étape concentre 70 à 80% de la pollution totale engendrée par le numérique.

Que dois-je faire pour réduire mon impact ?

Prendre soin de son matériel

Puisque la dette environnementale est largement due à la fabrication du numérique, il est important de lutter contre la course au neuf qu'encouragent les grandes marques. L'enjeu est donc d'allonger la durée de vie de son matériel. Acheter d'occasion, éteindre ses appareils lorsqu'ils ne sont pas utilisés (box, ordinateur, TV la nuit...), toutes ses habitudes sont faciles à prendre et bénéfiques pour l'environnement.

Limiter voire arrêter le streaming

Rien à la TV ce soir ? Du temps à tuer ? Hop ! Direction les sites de streaming ! Mauvais réflexe... Le streaming, particulièrement en 4G, est extrêmement néfaste pour l'environnement. Si vous utilisez Youtube pour écouter de la musique lors de vos déplacements - et que vous ne profitez donc pas du service vidéo - préférez une application dédiée. En effet, les vidéos consomment énormément. Si vous le pouvez, choisissez une résolution d'image inférieure à la HD. Enfin, lorsque vous vous déplacez, prenez le temps de télécharger votre film en amont plutôt que d'utiliser votre 4G pendant le voyage.

S'informer

Etat, entreprises, particuliers... tous ont un rôle à jouer pour limiter les effets du numérique sur l'environnement. Il en va de la "responsabilité des citoyens" de s'informer et agir. Par exemple, en recherchant le point de collecte le plus proche de son domicile et ne pas jeter ses appareils à l'aveuglette. Des associations existent également dans ce but.

Si vous voulez en savoir plus sur les impacts du numérique, Bela vous conseille le livret "Les impacts du smartphone" (ADEME) à transmettre également aux plus jeunes pour les sensibiliser à ces problématiques.

A nos ami·es développeur·ses ...

... mettez vous à l'écoconception ! Qu'est-ce ? L'écoconception est le fait de considérer l'ensemble du service numérique afin de trouver son unité fonctionnelle, et se contenter de celle-ci. On s'explique ! Certaines applications s'encombrent de détails graphiques afin de les rendre plus agréables à regarder. Mais ce "gras numérique" (Frédéric Bordage, repris par Bela Loto Hiffler) finit par encombrer le service et perdre l'utilisateur. En effet, il faut prendre conscience que cet utilisateur a un besoin précis auquel il entend répondre rapidement. Pourquoi donc compliquer les applications et ce faisant, aggraver leur impact sur l'environnement ? Le code peut donc être "plus sobre, plus frugal" et être aussi plus en phase avec les attentes des consommateurs.

Afin d'évaluer la pertinence et le degré d'écoresponsabilité de votre site ou application, des outils d'audit existent. Ils évaluent votre travail avec des notes de A (parfait) à G (insuffisant). Si vous voulez essayer, Bela vous conseille Ecoindex (pour éditer une adresse URL), GreenITanalysis (qui propose aussi des bonnes pratiques) et, sur un autre thème, Wave (audit accessibilité).

En savoir plus sur Point de M.I.R

L'association Point de M.I.R s'est dotée d'une structure conseil et formation. Elle délivre plusieurs formations : une introduction à l'écoconception de services numériques, une formation sur les achats IT responsables, une formation sur les bonnes pratiques des impacts environnementaux du numérique et enfin une formation pour intégrer le numérique responsable dans la RSE d'une entreprise.

Pour aller plus loin ...

Le livre de Bela Loto Hiffler : Les éco-gestes informatiques au quotidien aux Editions Decitre.

Le blog Green IT, fondé par Frédéric Bordage et son article sur l'impact des emails.

L'article du think tank The Shift Project sur l'impact du web sur l'environnement.

Le site longuevieauxobjects.com pour donner une nouvelle vie à vos équipements.

L'article de Planetoscope sur les déchets numériques.

Pour revoir cette conférence, venez visiter notre page Youtube !

Green Tech avec Bela Loto Hiffler

À propos d'Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.