À bas le syndrome de l'imposteur !
"J'aurais dû mieux me démarquer" , "Comment devenir le·la meilleur·e et être récompensé·e?" , "M'ont-t-ils complimenté·e sur mon travail seulement pour me faire plaisir?" "Je ne me sens pas capable" , "J'ai pas envie d'essayer par peur de l'échec" ...
Bref, le syndrome de l'imposteur est une source de remise en question permanente qui hante nos pensées. Il est souvent omniprésent dans les situations professionnelles mais peut l'être tout autant dans la vie privée.
Dans une société patriarcale, seules les femmes d'exception brillent. Elles sont dépeintes comme des "génies" et tu ne te retrouves forcément pas dans cette description. Normal ! Chaque personne est différente, avec ses défauts et ses qualités et il ne faut pas que tu penses que la réussite en tant que femme est synonyme de perfection. Car, c'est ici que le syndrome de l'imposteur peut venir d'autant plus pointer le bout de son nez.
En effet, de nombreuses personnes souffrent de ce complexe d'infériorité. Que tu sois une femme ou un homme, c'est la même histoire. Or, certaines catégories d'individus discriminés le ressentent davantage. Il est donc important de comprendre d'où vient cette satanée petite voix néfaste qui te fait mal à la tête.
Alors qu'est ce que le syndrome de l'imposteur ? Quelles sont ses caractéristiques ? Comment tenter de s'en débarrasser? Et pourquoi est-il plus présent dans certains environnements?
Attention, le doute est très utile, il est important de se remettre en question de temps en temps, de comprendre ses erreurs. Mais ce qui est néfaste, c'est de remettre l'intégralité de sa personnalité en doute à chaque fois que l'on entreprend quelque chose.
Le syndrome de l'imposteur, c'est quoi ?
Ce terme a vu le jour en 1978 grâce à deux psychologues américaines : Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes.
Elles ont analysé le comportements de 150 femmes diplômées qui étaient reconnues dans leur travail et pour leurs compétences. Or, et c'est une belle illustration du syndrome de l'imposteur, elles expliquaient cette réussite professionnelle par la chance ou le fruit du hasard. Elles ne sentaient pas à la hauteur et avaient donc peur d'être "démasquées" , comme rapporte un article sur le sujet.
Comme l'affirme Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris et interviewée par le Journal des Femmes, le syndrome de l'imposteur est un "sentiment désagréable de doute permanent qui consiste à ne pas se sentir légitime dans son statut actuel et à avoir des difficultés à s'approprier ses propres succès" .
Les personnes qui souffrent de ce syndrome de l'imposteur vont souvent expliquer leur réussite par des facteurs extérieurs comme la chance, le bon tempo, le manque de candidats à l'offre, le bon contact avec l'interlocuteur. Bref, elles ne mettront jamais en évidence leurs réelles compétences et ne peuvent pas imaginer qu'on ait pu les recruter parce qu'elles étaient simplement légitimes.
Par peur d'être démasquées, ces personnalités en doute inventent des astuces pour se défendre et éviter qu'on les débusque.
Elles sont donc souvent dans la procrastination, elles évitent les situations risquées, des possibles échecs.
Dans le cas contraire, certains individus souffrant de ce syndrome en font des tonnes, quitte à passer leur vie au bureau. Ils ne lâchent jamais prise et finissent parfois par faire des burn-out ou des dépressions.
En gros, le syndrome de l'imposteur se résume par les trois points suivants :
- Incapacité de la personne à s'attribuer une réussite
- Avoir l'impression d'être surestimé·e par son entourage ou ses collègues
- Tout faire pour éviter d'être démasqué·e
Qui souffre du syndrome de l'imposteur ?
De base, ce syndrome a été inventée par une étude visant les femmes, un genre largement discriminé, notamment dans le monde du travail. En effet, les femmes qui réussissent sont souvent entourées d'hommes et ne se sentent pas légitimes. Elles peuvent subir des discriminations et évoluent souvent dans un monde où elles n'ont pas la même place que les hommes.
Le syndrome de l'imposteur n'est pourtant pas une maladie psychologique, il s'agit surtout d'un état, d'un épisode qui va se répéter à chaque situation stressante.
En effet, selon une étude du Journal of Behavioral Science, 70% des personnes dans le monde auraient déjà souffert de ce sentiment de doute intense, homme comme femme. Preuve qu'il ne s'agit pas d'un état isolé. Le problème étant qu'il peut prendre une grande place dans ta vie, en effet, 20% de la population ressent fréquemment ce sentiment, rapporte Welcome To The Jungle.
Ce sentiment arrive souvent dans des périodes de transition : l'arrivée dans les études supérieures, sur le monde du travail, la recherche d'un stage ou d'une alternance, rapporte Cairn.
Sachant que ce syndrome touche surtout des personnes en changement, plusieurs profils types en souffrent davantage :
- les étudiants
- les chercheurs
- les universitaires
- les créatifs, qui se comparent souvent avec des personnes talentueuses et notamment parce que la créativité est plus difficile à quantifier et à mesurer.
- ceux qui ont de brillantes carrières, notamment très jeunes
- les aînés d'une famille, pour lesquels les parents misent beaucoup et qui peuvent alors culpabiliser
- ceux qui ont des parcours transversaux et n'ont pas suivi le parcours dit "normal", par exemple si tu décides de te réorienter en tant que développeur·se alors que tu as toujours été dans des études littéraires. Ou encore, les personnes autodidactes, qui n'ont pas un diplôme qui prouve l'acquisition de compétences et qui vont donc peu croire en leur légitimé, malgré les réussites la prouvant.
- les minorités sociales et les groupes discriminés comme les femmes : en effet, comme rapporte Slate et notamment Brian Daniel Norton, un psychothérapeute et coach exécutif à New York, «Les femmes, celles de couleur et en particulier les femmes noires, ainsi que la communauté LGBT+ sont les plus concernées. Lorsque vous vivez une oppression systémique ou que l'on vous a asséné directement ou indirectement toute votre vie que vous ne méritez pas le succès, et que vous commencez à accomplir des choses d'une manière qui va à l'encontre des idées reçues, alors le syndrome de l'imposteur est susceptible d'apparaître" . Et cela s'amplifie dans le monde professionnel, face à la pénurie de femmes dans certains secteurs comme la tech et à des postes informatiques. C'est pourquoi les rôles modèles sont importants, surtout pour banaliser une situation et rendre une profession accessible. Les femmes seront de plus en plus à même de se dire "ma situation est normale, j'ai des compétences comme de nombreuses autres femmes qui me ressemblent" .
- les entrepreneurs et travailleurs indépendants, qui manquent de retour sur leur travail et n'arrivent pas à s'apprécier à leur juste valeur
D'une manière générale, il y a des profils types subissant davantage le syndrome de l'imposteur mais les hommes sont clairement aussi sujets à ces remises en questions.
Comme il ne s'agit pas d'une maladie psychique incurable, le terme syndrome est souvent remis en cause. En effet, de nombreux spécialistes préfèrent parler d'expérience temporaire, ce qui a le mérite aussi d'implicitement dire qu'avec un peu de travail sur toi-même, tu pourras arrêter de succomber à ces pensées noires.
Le syndrome de l'imposteur dans la tech
D'une manière générale, comme le rapporte une étude datant de 2018, 58% des professionnels de la tech souffriraient du syndrome de l'imposteur. Qu'il s'agisse d'un·e ingénieur·e qualifié·e ou d'un·e chef·fe de produit, près de 6 employé·es sur 10 ont déjà pensé qu'ils·elles n'étaient pas à la hauteur de leur poste.
Le métier de programmateur·trice est un job en perpétuelle mouvance. Il faut toujours être à l'affût des nouveautés, apprendre en travaillant et cela, souvent en binôme avec la généralisation de la technique du peer-programming.
De ce fait, tu pourras souvent avoir l'impression d'être en retard. Comme l'explique le Journal du Net, dans le cas des professionnels de la tech, ce syndrome de l'imposteur se transforme en syndrome du "vrai programmeur", celui qui ne vit que pour coder.
En effet, ces personnes auront tendance à accepter des tonnes de projet, passer beaucoup de temps à coder et à perdre confiance en elles en voyant un de leurs pairs trouver la solution qu'elles cherchent depuis des heures.
Cette manière de fonctionner est pourtant déconseillée : une étude de l’université Stanford à San Francisco affirme que les développeur·se·s qui travaillent 40 heures par semaine maximum rendent un travail de meilleure qualité que ceux qui ne décrochent jamais.
Tu vois, il ne faut pas t'enfermer dans un cercle vicieux qui ne t'apportera pas la reconnaissance attendue. Autant prendre du recul et réfléchir à comment te sentir à l'aise dans tes baskets et dans ton travail. En sachant que personne ne peut tout savoir, ne sait tout faire, n'est parfait. Donc keep cool.
Les solutions pour contrer ce matraquage cérébral
Déjà, tu peux commencer par voir si tu fais partie des personnes qui souffrent régulièrement du syndrome de l'imposteur en réalisant ce test mis en place par Pauline Rose Clance, l'inventrice de cette notion.
Puis, Welcome To The Jungle donne quelques bonnes pratiques pour contrer ce fléau au travail :
- Faire un tableau de réussite dans lequel tu devras décrire la situation gratifiante (un retour positif de ton.ta boss, une promotion, une augmentation) avec la cause qui explique selon toi cette réussite (le hasard, la chance, l'aide d'un proche ou d'un collègue) et enfin la réelle raison (tes compétences, ton travail, ton esprit d'initiative, tes capacités d'écoute...). Comme ça, à chaque moment de doute, tu pourras te référer à ton tableau de succès pour relativiser.
- Lister les tâches à faire chaque jour en les hiérarchisant : cela à pour but de contrer les attitudes néfastes de la personne victime de ce syndrome comme la procrastination, le travail acharné etc... Et puis, tu connaîtras la satisfaction de rayer la tâche lorsqu'elle sera réalisée. N'hésites pas à te noter à l'avance les critères qui te permettront d'affirmer qu'une tâche est terminée. Comme ça, pas de risque de rester bloqué·e, par peur de mal faire, sur un sujet pendant des nuits entières.
- Travailler sur la racine du problème : tu peux consulter une personne extérieure comme une psychologue mais aussi utiliser la méthode de Pauline d’Heucqueville, qui consiste à tracer une ligne sur une feuille en inscrivant à une extrémité le mot "imposteur" et à l'autre "mon masque d'imposteur" en le qualifiant : compétences, savoir-faire, soft skills, etc... Chaque jour, place un curseur sur cette ligne. En fin de compte, tu te rendras compte que tu réussis mieux que tu ne penses tes missions.
- Voir la réussite plus que l'échec : le perfectionniste est souvent aussi un procrastinateur. Les personnes souffrant du syndrome de l'imposteur ont souvent ce type de double profil. Il faut donc que tu te martèles le cerveau avec des phrases comme "je ferais de mon mieux pour atteindre mon objectif" plutôt que "comment faire pour ne pas échouer?" .
Chez Ada Tech School, nous avons compris l'importance de la confiance en soi, c'est pourquoi nous misons beaucoup sur le travail collaboratif et sur les badges de compétences, qui évitent la notation et la comparaison.
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À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.
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