Portrait d'une développeuse qui ne veut jamais cesser d'apprendre
Chez Ada Tech School, notre mission est de casser les stéréotypes autour du code et de proposer un environnement d'apprentissage dans lequel les femmes se sentent légitimes pour s'orienter dans l'informatique.
Parmi nos leviers d'actions, nous montrons que le code est bien loin des préjugés que l'on a en tête : solitaire, technique et masculin. C'est au contraire collaboratif, créatif, et accessible aussi bien aux femmes qu'aux hommes.
Pour s'en convaincre, quoi de mieux qu'un témoignage ?
Dorra Bartaguiz a toujours été fascinée par les machines : par tout ce qui était mécanique et automatique. Elle a donc foncé vers ce qu'elle estimait être sa voie : une école d'informatique. Si elle n'a pas rencontré d'obstacles pour exercer le métier qui lui plaît, celui de développeuse, elle témoigne à propos des préjugés qu'elle a pu rencontrer, et des femmes qui ont pu se décourager, à qui elle souhaite redonner confiance.
Car oui, plus que jamais il y'a de la place pour les femmes dans la tech !
Dorra, tu es aujourd'hui développeuse, peux-tu nous présenter ton métier ?
J'ai actuellement plusieurs casquettes.
- Je suis tout d'abord développeuse au sein du cabinet Arolla. Je développe des solutions pour nos clients. Mes langages de prédilections sont les suivants : .net, c#, f#, python, java, php, js.
- Je suis également formatrice et coach pour ce cabinet sur les 3 sujets : TDD (Test Driven Development), BDD (Behaviour Driven Development), et DDD (Domain Driven Design). Ces différentes techniques de développement favorisent la collaboration, et évitent au maximum la dette technique et les biais algorithmiques. En effet le code n'est pas seulement une fin en soit, c'est un outil au service d'autre chose : c'est ce que je m'applique à montrer lors de mes formations.
- Enfin j'enseigne dans une école auprès d'étudiants.
L'avantage de ces différentes missions, c'est que je ne cesse jamais d'apprendre et que je suis une vraie polyglotte en langage informatique !
Comment t'es venue cette passion pour l'informatique ?
Depuis toute petite, je suis fascinée par tout ce qui est mécanique ! Toutes ces choses qui fonctionnent "toute seule" : je voulais absolument trouver l'explication derrière. J'ai eu la chance d'avoir un informaticien dans mon entourage : mon oncle, qui m'a dit de foncer et de vivre ma passion en allant dans une école d'informatique. Je suis d'origine tunisienne donc j'ai fait 4 ans d'école d'informatique en Tunisie, puis un Master en SI en France. Ce master était un master de recherche, il me manquait vraiment le côté pratique, si bien que je n'ai pas fini ma thèse : je suis partie directement dans le monde concret qui m'appelait pour développer. Et voilà, maintenant cela fait 12 ans que je suis développeuse !
Qu'est-ce que tu aimes dans ton métier ?
Je suis passionnée et entourée de gens passionnés c'est la clé ! Et je ne cesse d'apprendre. Par exemple, grâce à mon métier de formatrice, je découvre sans cesse de nouveaux métiers : dans le secteur de l'énergie, de la finance, du e-commerce, du sport... Ça me fascine ! J'aime beaucoup la phrase "plus j'apprends, moins je sais".
Comment t'es-tu dirigée vers la formation ?
J'aime bien expliquer les choses, je suis pédagogue. J'étais toujours celle qui expliquait à mes camarades de classe. Chez Arolla, on a identifié cela chez moi et on m'a proposé de me former pour que je puisse devenir coach. Je me suis dit que j'allais tenter le coup, que je n'avais rien à perdre. Et ça m'a plu ! La première fois que je suis intervenue seule en entreprise, j'appréhendais un peu, d'autant plus que je fais un peu plus jeune que mon âge. Mais ce qui compte c'est la posture : comme je maitrisais parfaitement mon sujet, l'audience était en confiance et ça s'est très bien passé.
As-tu rencontré des obstacles en tant que femme développeuse ?
Au moment de ma formation, je n'ai pas rencontré de problème, ma motivation me guidait. Ensuite en entreprise c'est un peu différent, on se retrouve bien souvent la seule femme dans l'équipe et on peut se demander de manière insidieuse si on est bien à sa place. Mais la casquette coach m'a aidé, le respect s'est imposé assez naturellement, grâce à mes compétences.
Il subsiste cependant quelques remarques déplacées, ou des moments désagréables en entreprise où l'on me challenge pour voir si je suis au niveau sur la technique. Mais ça reste rare heureusement. Une phrase qui m'a choquée était la suivante "Franchement, bravo tu codes comme un homme !" Le mieux c'est alors de creuser avec la personne : "Ah bon pourquoi tu penses ça ?" "Bah... parce que tu codes super bien !" Et là ça ne manque pas la personne prend conscience par elle même des stéréotypes.
Mais je regrette qu'à cause de phrases de ce genre, les femmes restent trop souvent des exécutrices dans le monde de l'informatique, plutôt que des ingénieures développeuses, avec des sujets de fond à mener de bout en bout.
Quel conseil donnerais-tu à une femme qui veut devenir développeuse ?
Il faut avoir confiance ! Ce qui m'aide personnellement, c'est que j'ai confiance dans ce que je fais. Et quand j'ai des doutes, ce qui arrive à tout le monde, je n'ai pas peur de poser des questions. Je ne suis pas timide, je vais chercher l'information.
J'ai entendu certaines femmes dire "je n'aime pas l'informatique, c'est trop dur". Mais c'est surtout car elles ne se sentent pas à l'aise dans ce milieu. Mon caractère fort m'a aidé à combattre cela, à vouloir rester dans ce milieu car c'est ma passion.
Ce n'est donc pas un problème de capacité, mais un problème de malaise. Et il y'a malheureusement un effet boule de neige. Si les femmes ne se sentent pas à l'aise dans ce milieu, elles ont plus facilement des doutes, elles culpabilisent si elles ont fait une erreur (ce qui est pourtant bien normal dans le développement !), elles ont peur de la critique. En un mot elles sont très exigeantes avec elles-mêmes dans un climat où elles ne se sentent pas à leur place.
Pour raconter une expérience personnelle : il m'est arrivé d'être face à un bug conséquent en prod (c'est à dire visible par l'utilisateur final). Un réflexe pourrait être de se sentir coupable. Or en code on n'est jamais seul, on est une équipe. S'il y'a un bug tout le monde a une part de responsabilité : entre la partie QA (Assurance Qualités pour tester que le produit est conforme à ce qui est attendu), et les spécifications techniques qui définissent le besoin, chacun a sa part de responsabilité. J'ai alors monté une réunion d'équipe avec toutes les partie-prenantes pour identifier comment corriger le bug, plutôt que de trouver le coupable (qui n'existe pas vraiment). C'est bien plus productif ! L'erreur est à porter en commun, elle ne venait pas que de moi. Ce type des raisonnement, c'est moins facile de les avoir en tant que femme développeuse.
Alors mes conseils concrets pour aller à l'encontre de ces remises en questions :
- Poser des questions bêtes ! Bien souvent en posant les questions qui paraissent les plus idiotes, j'ai pu identifier des éléments manquants dans des spécifications techniques.
- Appliquer la règle des "9 Why" : c'est à dire poser 9 fois la question "Pourquoi ?". Cela peut paraître un peu enfantin, mais c'est primordial dans le développement pour bien identifier le besoin, surtout quand la personne qui exprime ce besoin n'est pas elle-même développeuse. Cela peut éviter de faire perdre un temps précieux. Cela permet de remonter au besoin initial, car parfois on présente aux équipes de développement un besoin qui est en fait une solution. Je donne un exemple. Un client m'a un jour demandé un nouveau filtre de recherche avec des sous-filtres. C'était très complexe en terme de gestion dans le logiciel en question, nous en avions pour 5 jours de développement. En creusant avec le client son besoin, j'ai vu que la recherche par champ texte était bien plus adaptée à ce qu'il voulait obtenir pour un développement d'une demie-journée seulement.
Et quels conseils donnerais-tu aux lycéen·ne·s qui se posent la question de faire une école d'informatique ?
Il faut savoir que tout le monde a déjà fait de la programmation sans même s'en rendre compte ! Les règles de grammaire c'est de l'algorithmie, apprendre une langue c'est de l'algorithmie, les maths c'est de l'algorithmie.
Pour se lancer dans le développement, il faut donc aimer être curieux, vouloir être curieux ! Il faut aimer creuser, se tromper, trouver des solutions. Le côté technique n'est pas un obstacle, et ne doit pas être un obstacle.
Le développement ce sont des concepts à apprendre : il faut être capable d'apprendre rapidement, d'emmaginiser des informations. On ne peut jamais tout maîtriser dans le développement c'est impossible, puisque des nouveaux langages sortent chaque jour. Du coup, il ne faut pas avoir peur de la nouveauté, et il ne faut pas avoir peur de ne pas tout maîtriser parfaitement.
Si vous aussi, vous sentez que le code peut devenir une passion, vous pouvez tester si ça vous plaît en téléchargeant notre manuel de programmation. Il est accessible à toutes et à tous, niveau débutant !
À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.
L’école est située à Paris, nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.