Qu’est-ce qu’un fablab ?
“Fablab”, en voilà un bien drôle de mot. La deuxième partie du mot laisse peu de place à l’imagination : “lab”, comme “laboratoire”. “Fab”, c’est déjà un peu plus difficile à se visualiser. Fable ? Non, ces lieux existent vraiment. Fabuleux ? Oui, mais ça n’est pas leur intitulé principal. Fabriquer ? Ah, déjà on se rapproche !
Le mot “fablab” est un anglicisme pour “fabrication laboratory”, ou “laboratoire de fabrication”. Ce terme désigne un type de tiers-lieu particulier, c’est un atelier partagé mettant à la disposition du public des outils et des machines de fabrication d'objets assistées par ordinateur auparavant réservés à des professionnels.
On y retrouve des “makers” et des “makeuses”, ou en français des faiseurs et des faiseuses, qui font partie d’un mouvement international (le mouvement maker) axé autour du DIY (le faire par soi-même), de la libre circulation des savoirs et de la fabrication partagée et distribuée.
Comment sont nés ces lieux ? Que peut-on y faire ? Qui peut y accéder ? Laisse-moi te faire découvrir ces espaces et te les raconter !
2001 : naissance du premier fablab
Le concept de fablab a été pensé à la fin des années 1990 par Neil Gershenfeld (physicien, informaticien et professeur au sein du MIT) sur la base de ses observations faites au sein des hackerspaces. Alors qu’il est professeur, il découvre ces espaces où se retrouvent des personnes qui ont un intérêt commun pour la technologie et l’informatique afin de bricoler et créer ensemble.
Il décide de s’en inspirer et de monter le premier makerspace, où (comme dans un hackerspaces) les élèves du MIT peuvent se retrouver pour bricoler et créer grâce à la fabrication numérique.
Le succès des makerspaces au sein du MIT découle également d’un cours très populaire donné par Neil Gershenfeld : “How To Make (Almost) Anything”. Ce cours existe toujours et est ouvert tous les ans. Six mois intensifs, de janvier à juin, qu’on peut suivre depuis une centaine de fablabs dans le monde.
Le terme “Fablab” est devenu un label et un réseau international cadré par le MIT et la Fab Foundation. Pour avoir ce label, il faut adhérer à la charte énoncée par ces deux institutions et s’auto-évaluer sur quatre critères :
- L’accessibilité au fablab : il doit être ouvert à tou.te.s, de manière gratuite ou à moindre coût ;
- L’engagement envers la charte : elle doit être affichée dans le lieu ;
- Outils et processus : il faut un minimum de machines pour que les possibilités de fabrication soient les plus nombreuses possibles ;
- Participation au réseau global : un fablab ne peut opérer seul et doit s’intégrer dans un réseau, à minima par la libre circulation des savoirs en donnant accès à tout le monde à la documentation des projets qui sont réalisés dans le lieu.
Cette charte reste sujette à interprétation, en particulier sur la propriété intellectuelle et la gratuité de l’accès au lieu et aux machines. C’est pour cette raison que nombre de lieux ne souhaitent pas y adhérer et gardent l’appellation de “makerspace”, créant ainsi des chartes internes qui correspondent plus à leurs convictions.
En France, il faudra attendre quelques années avant que le concept s’exporte. Tout d’abord à Toulouse avec le fablab Artilect, qui s’est lancé en 2009. Le concept s’est ensuite étendu petit à petit dans toute la France, qui est aujourd’hui le deuxième pays au monde avec le plus grand nombre de fablabs par habitant·e !
Que peut-on y faire ?
Comme le dit l’intitulé de la formation de Neil Gershenfeld : on peut y fabriquer (presque) n’importe quoi !
Ce sont des lieux tournés majoritairement autour de la fabrication numérique, c'est-à-dire de la fabrication assistée par des machines à commande numérique (imprimante 3D, découpe laser, fraiseuse numérique, brodeuse numérique, etc). Je dis majoritairement parce qu’on peut également y apprendre une fabrication plus traditionnelle, comme la couture, la sérigraphie, la menuiserie, etc
C’est ce qui fait la richesse de ces espaces : chacun est doté d’une coloration et d’une spécialité qui lui est propre, selon qui le monte et selon la communauté qui va l’investir.
En effet, au-delà de la possibilité d’utiliser des machines et de fabriquer des objets, les fablabs sont avant tout basés sur des principes fondateurs : learn, make, share and repeat (apprend, fabrique, partage et répète l’action).
Apprendre
Avant d’utiliser des machines et des outils, il faut en effet apprendre à s’en servir ! Il y a bien entendu des ateliers d’initiation et de perfectionnement grand public, jusqu’à des formations plus longues et professionnalisantes comme celle que je vous ai présentée plus haut.
L’apprentissage en fablab et makerspace dépasse cependant le simple geste technique.
Ils mettent avant tout l’accent sur “l’apprentissage par la pratique dans un cadre social”. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? L’apprentissage informel, par et avec les membres de la communauté, est tout aussi important (voir plus) que par des ateliers plus formels.
Chez Ada Tech School, notre ambition première est d'offrir un lieu et un cadre pour que tu puisses consacrer 100% de ton énergie à apprendre avec les autres.
Faire
On ne demande pas aux autres de faire à notre place… on fait par soi-même et avec les autres ! Ce qui compte, c’est l’action de faire et non le résultat.
On fabrique pour s’amuser, pour apprendre quelque chose de nouveau, et c’est un travail qui trouve en soi-même sa propre finalité. La fabrication est utilisée comme un vecteur de valeurs et un outil d’émancipation : apprendre à apprendre, dépasser sa peur de l’échec, collaborer, développer sa créativité…
Quand on a fait, on transmet ensuite aux autres pour augmenter le capital informationnel commun !
Partager
C’est une des choses les plus incroyables avec le savoir. Il ne se divise pas… il s’additionne ! Les projets sont le plus souvent partagés via la documentation que l’on peut retrouver sur les wiki ou les sites des fablabs. Ce partage permet de faire de la fabrication distribuée entre différents lieux et à travers le monde.
C’est quoi la fabrication distribuée ? C’est un principe de production qui vise à faire circuler les fichiers et les documentation de production plutôt que les matières premières et les machines.
Les projets que l’on retrouve dans un fablab sont en majorité en Open Source ou sous Licence Libre. Tous les labs ayant à peu près les mêmes outils, si on peut fabriquer un objet dans un fablab, on peut à coup sûr le fabriquer dans un autre. On appelle cela aussi très poétiquement la “production en nuage”.
On est sur une méthode de production personnalisée, qui permet de penser globalement mais d’agir localement pour répondre à certains problèmes et besoins.
Les fablabs, les makers et makeuses : un mouvement qui ne cesse d’avancer, de se renouveler… et de faire réfléchir
Je te vois sceptique, le sourcil levé derrière ton écran à te dire : c’est bien joli tout ça mais à part pour s’amuser à apprendre à imprimer des Yoda en 3D, est-ce que c’est vraiment utile tous ces lieux ? Tu disais qu’on y allait pour le plaisir d’apprendre, en quoi ça va m’amener à réfléchir ?
Ce qui transparaît de ce mouvement Maker, de lieux tels que les fablabs, c’est leur capacité d’offrir à tout un chacun la possibilité de se réapproprier les modes de consommation et de production.
Je vais te donner un exemple récent qui va tout de suite t’aider à comprendre : la fabrication des visières et des masques en 2020, pendant la première crise du Covid-19.
Savais-tu que les fablabs, makerspaces, makers et makeuses du monde entier ont créé une usine géante en une semaine pour pallier la pénurie d’équipements de protection pour les soignant.e.s ? Le mieux encore pour en parler c’est de laisser celleux qui l’ont fait te raconter. Voici une vidéo de Dimitri Ferriere (Mr Bidouille), le youtubeur maker le plus suivi des réseaux sociaux, qui explique comment iels ont fait et se sont organisés.
Le développement des fablabs répond à des changements sociétaux, de nouvelles façons de travailler, de se former, d’entreprendre et de créer du lien social. C’est ce qui en fait des lieux passionnants à découvrir, fréquenter, faire connaître.
Il ne reste plus qu’une dernière question : quand vas-tu passer la porte d’un lab et découvrir par toi-même ? :)
Ressources complémentaires concernant les fablabs
- Je visite des FABLABS en France, on y fait quoi ? On y trouve quoi ?
https://www.youtube.com/watch?v=WcVlnyCriv4&ab_channel=monsieurbidouille
Makeuses à suivre :
- Heliox (Fr) : https://www.youtube.com/channel/UCPFChjpOgkUqckj3378jt5w
- Simone Giertz (Eng) : https://www.youtube.com/c/simonegiertz
Le collectif MakeHerSpace a également créé une application qui recense différentes ressources autour du Faire et du Genre : https://makeherspace.glideapp.io/
À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique inclusive, qui forme au métier de développeur·se en 21 mois. Elle a trois campus : Paris, Nantes et Lyon. Au sein de l'école, les apprenant·e·s apprennent en faisant grâce à une pédagogie alternative inspirée de Montessori, approchant le code comme une langue vivante et favorisant la collaboration et l’entraide grâce à des projets collectifs. L’école doit son nom à Ada Lovelace, qui fut la première programmeuse de l’histoire.
Après neuf mois de formation, les apprenant·es sont opérationnel·le·s et prêt·e·s à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école (Trainline, Deezer, Blablacar, JellySmack, Back Market...).
Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.