L'orientation scolaire dépend-elle du genre ?

Pédagogie mai 10, 2021

Tu as déjà entendu dire que les garçons étaient meilleurs en maths et les filles meilleures en français ? D'où viennent ces préjugés ? Pourquoi n'y a-t-il que 10% de femmes qui étudient l'informatique ?

Isabelle Collet affirme pourtant qu'il n'y a pas de cerveau rose ni de cerveau bleu. Pour démêler tout ça, nous avons fait appelle à Marion Monnet, docteure en économie et actuellement chercheuse post-doctorante à l'Institut national d'études démographiques.

Ses travaux de recherche portent sur les politiques éducatives, avec un intérêt particulier pour le rôle joué par le genre des élèves dans leurs choix d'orientation puis, une fois sur le marché du travail, sur leurs choix de carrières professionnelles.

Elle est venue nous éclairer sur la situation de sous-représentation des femmes dans certaines filières : quelles en sont les causes et les conséquences ? Quelles actions mettre en place pour y remédier ?

Découvre tout ça dans l'article !

Si tu veux voir ou revoir la conférence de Marion, elle est disponible sur notre chaîne Youtube ⬇️

L'orientation scolaire dépend-elle du genre ?

Le constat : vers quelles filières s'orientent les femmes ?

  • Le premier constat est sans appel : les filles sont sous-représentées dans les filières technologiques et scientifiques au lycée. En seconde, elles sont 54% dans les filières générales et technologiques, et elles sont ensuite 47% à se spécialiser en sciences en terminale. Sans parler des filières STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) où elles ne sont plus que 17% en première et terminale.
  • Le deuxième constat est que non seulement les filles sont sous-représentées globalement en sciences, mais on observe au sein même de cette filière une forte ségrégation entre les filles et les garçons. Au sein des universités en sciences, les filles sont 61% à choisir une majeure Biologie, contre 26% à choisir une majeure Maths Physique Informatique. Le même constat s'opère dans les spécialités des classes préparatoires.
  • Le troisième constat est une sous-représentation dans les grandes écoles, puisqu'on constate que les femmes représentent 55% des étudiants Bac +3/5, et seulement 42% des effectifs de grandes écoles. Mais où se trouvent-elles au sein des grandes écoles ? Majoritairement dans les écoles de commerce et les IEP (Institut d'Etude Politique) au dépit des écoles d'ingénieur et des ENS (Ecole Normale Supérieure)
Les femmes sont aujourd'hui sous représentées dans l'informatique contrairement à la norme dans les années 70-80
  • Le dernier constat concerne la disparition des femmes des formations informatiques. Dans les année 70-80 les femmes étaient très largement représentées dans ces filières, avec une quasi parité observée dans les écoles d'informatique. Cette part n'a cessé de diminuer au fil des années pour osciller autour de 10 à 13% aujourd'hui.

Les causes de cette sous-représentation

Des différences dans nos capacités cognitives ?

Les femmes seraient moins prédisposées à aller en sciences ou en informatique que les hommes ?

Eh bien non. Des travaux ont concluent qu'il n'y a pas de différence cognitive à la naissance entre les hommes et les femmes. Il existe néanmoins des écarts de compétences qui démarrent dès le collège, notamment dans la réussite au examen de mathématiques et de lecture. Ces écarts sont façonnés par les normes sociales. Nous reviendrons sur ce point au fil de l'article.

Des discriminations dans l'évaluation / à l'entrée de certaines filières ?

À dossier égal : les écoles privilégie-t-elles les garçons plutôt que les filles ?

Des barrières à l'entrée ?

Ici, on constate qu'il y a effectivement un biais de notation, mais cette fois-ci plutôt en faveur des femmes dans les filières scientifiques. Les garçons sont eux favorisés dans les disciplines où ils sont sous-représentés (plutôt les filières littéraires).

Dans les filières économiques, on observe une claire distinction dans le comportement dans les évaluations à l'oral, selon le genre de la personne. L'audience posera plus de questions à une femme, remettra plus en cause ses dires et le ton des questions qui lui seront adressées sera plus condescendant.

Les normes et les stéréotypes de genre

Parmi les élèves de seconde et de terminale S on observe que 20% des filles et 30% des garçons sont d'accord pour dire que les garçons sont plus doués en maths que les filles. Les filles elles-mêmes intègrent donc des stéréotypes de genre.

Les normes sociales et les stéréotypes véhiculés par les proches (parents, amis, professeurs) sont reconnus comme les causes principales de la ségrégation entre les hommes et les femmes.

Les conséquences de cette sous-représentation

  • La 1ère conséquence est un effet néfaste sur la confiance en soi des élèves. Ces stéréotypes affectent négativement la perception qu'ont les élèves de leur propre compétences. Des études ont démontré qu'à niveau égal, les filles sous-estiment leur niveau en maths, relativement aux autres garçons et filles de leur classe. Les filles reportent également plus de stress et d'anxiété vis à vis des mathématiques, avec 60% d'entre elles en seconde et en terminale S qui se disent inquiètes en pensant aux maths contre 40% des garçons.  
  • Cette première conséquence va malheureusement avoir un effet auto-réalisateur sur la réussite scolaire des élèves. Les écarts de performances en maths vont se creuser dès le moment où les élèves s'identifient à un sexe (et donc au rôle normée attribué à ce sexe)
Le poids des stéréotypes et des normes 

Prenons l'exemple de l'expérimentation de Spencer : un panel composé d'hommes et de femmes ayant un niveau similaire en maths vont passer un test de mathématiques dans différentes conditions.

1ère condition : On mentionne que le test n'a produit aucune différence de performances entre les hommes et les femmes par le passé

2ème condition : Il est mentionné que le test a produit des différences de performances entre les hommes et les femmes et que les hommes ont mieux réussi ce test (on active la menace du stéréotype)

3ème condition : On ne mentionne rien.

Le résultat de cette expérience est que les femmes réussissent moins bien lorsque la menace du stéréotype est activée (condition 2) et dans la condition 3 où rien n'est mentionné.

  • La dernière conséquence des la sous représentation des femmes dans les milieux scientifique concerne les inégalités de rémunération. Le simple fait que les femmes se détournent des filières dites "masculines" explique entre 20 et 30% des écarts de salaires hommes-femmes, car les débouchés suite à ce type d'études sont des métiers plus rémunérateurs.

Quels sont les leviers d'actions efficaces ?

Comment rendre les choix d'orientation moins genrés ?

  • L'intervention en classe de rôle-modèles à des moments clés de la vie des étudiantes pourrait leur permettre de s'identifier à une figure de réussite et de se dire que c'est possible. L'expérience de Thomas Breda  était la suivante : tester l'intervention d'une femme scientifique auprès de classe de seconde et de terminale S de lycées franciliens (20 000 étudiants). Ces interventions réduisaient la prévalence de stéréotypes aussi bien chez les hommes que chez les femmes. On observait également un regain d'intérêt pour les sciences et une augmentation de 20% de la probabilité de s'inscrire dans une filière scientifique chez les femmes.
  • Des initiatives de mentorat peuvent également s'avérer utile. Assigner des professeurs scientifiques, en particulier des femmes, en accompagnement aux étudiantes de première année augmenterait leur chance d'obtenir un diplôme en sciences.
  • L'organisation du travail en classe : des groupes de travail féminins stimulent la prise de parole des filles et augmentent leur confiance en elles et leur souhait de poursuivre des études scientifiques.
  • Des programmes de sensibilisation visant à déconstruire les stéréotypes ou à former les jeunes filles au code : "Coding Bootcamp" au Mexique et au Pérou, "Girls code it Better" en Italie, et Ada Tech School en France.
  • Sensibiliser les professeurs sur les stéréotypes implicites qu'ils peuvent avoir
N'oublie pas les paroles de Michelle

Face à ces constatations, Ada Tech School a décidé de proposer une formation accessible sans pré-requis techniques basée sur deux pilliers :

  • Le féminisme, pour promouvoir l'égalité des chances et montrer que la tech est aussi bien accessible aux filles qu'aux garçons.
  • Une pédagogie alternative basée sur le faire, qui vise à déconstruire le schéma classique de l'éducation

Alors n'hésite plus pour te lancer, notre prochaine rentrée est le 31 mai et il est encore temps de candidater !

À propos d'Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.

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