L'entreprise inclusive et féministe de demain

Féminisme déc. 08, 2020

Pourquoi réfléchir aujourd'hui à l'entreprise féministe ? Pourquoi l'inclusion est-il plus qu'un buzz word ? Comment construire ensemble une entreprise moderne, équitable et épanouissante ?

Nous avons posé ces questions à notre invitée Laëtitia Vitaud lors du webinar "Comment créer l'entreprise inclusive et féministe de demain ?". Le replay est ci-dessous et nous t'avons résumé dans cet article les grands points à retenir !

Voici les grands thèmes qui ont été abordés lors de cette conférence :

  • Quels sont les grands bouleversements qui touchent le travail et pourquoi le sujet de la diversité et de l'inclusion est-il devenu stratégique ?
  • Comment défendre sa démarche d'engagement pour une entreprise inclusive avec cohérence ?

Avant toute chose, savons-nous vraiment ce que sont l'inclusion et la diversité ?

Pour répondre à cette question, Laëtitia Vitaud reprend les termes de Caroline Chavier, co-fondatrice du meet-up Paris Women in Machine Learning & Data Science. Celle-ci définit l'inclusion comme le fait que personne ne se sente exclu·e du groupe, que chacun·e soit à l'aise dans son environnement et pleinement performant·e. Quant à la diversité, c'est le fait d'avoir des personnes différentes autour de la table, de part leur nature ou leurs qualités.

"Pour résumer la différence entre la diversité et l'inclusion, je dirais que la diversité est un sujet de recrutement tandis que l'inclusion est un sujet de management, de RH et de culture."

La diversité est difficile à mesurer car il existe peu de données et de critères pouvant la définir. Par exemple, la question de la couleur de peau ou de l'ethnie n'est pas quantifiée en France, ce sont donc des critères inutilisables en matière de diversité. De ce fait, le sujet se résume parfois à la fracture homme-femme, alors qu'il recouvre beaucoup d'autres problématiques.

L'inclusion n'est pas plus simple à chiffrer. Comment déterminer ce que "ne pas se sentir exclu·e" implique ? Comment illustrer l'exclusion sans infiltrer la vie privée des personnes concernées ?

Face à un tel manque de données et de précisions, il paraît donc compliqué de se fixer des objectifs précis, et de mesurer sa progression. Il faut donc privilégier des études anonymes et régulières en entreprise, des plateformes où l'expression est libre et où peuvent être remontés des problèmes de harcèlement par exemple.


Pourquoi a-t-on choisi de superposer les termes d'inclusion et de féminisme ? Est-ce pour faciliter la compréhension du problème ? Le féminisme - ou manque de féminisme - est-il plus facile à mesurer ? On t'explique !

Pourquoi réfléchir à l'entreprise féministe ?

Le mot féministe peut faire peur, pourtant il devrait être utilisé avec fierté. Il ne signifie pas seulement un combat pour augmenter le nombre de femmes dans les équipes.

Ci-dessous, quelques observations pour "dé-dramatiser" ce terme :

  • Les femmes, souvent considérées comme une "minorité" représentent 52% de la population mondiale ;
  • En terme de pouvoir, de décision, de contribution, 18 % seulement des entreprises au niveau mondial sont dirigées par les femmes, et, en moyenne, à peine 22 % des sièges des conseils d’administration sont occupés par des femmes dans les pays de l’OCDE ;
  • Les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes en terme de revenus et 12% de moins lorsque l'on raisonne en terme de temps travaillé, à poste équivalent ;
  • Dans les entreprises tech, 41% des femmes restent moins de 10 ans pour des raisons de culture et sexisme.

Nous parlons donc de différence de salaire, de différence de chance de progression, de différence d'épanouissement, de différence de traitement. Et ces différences sont souvent quantifiables.

Mais les femmes ne sont pas les seules à en souffrir. Certains groupes sociaux, que l'on appelle aussi minorités car sous-représentés et qui se distinguent par leur couleur de peau, leur âge, leur orientation sexuelle, leur origine sociale..., en font les frais.

C'est pour cela que penser l'entreprise féministe, ce n'est pas penser une entreprise de femmes, c'est penser une entreprise plus équitable où toutes et tous ont des chances d'épanouissement.

Notre échange avec Laëtitia Vitaud et la suite de cet article ont donc pour objectif de poser les fondations de l'entreprise inclusive au sens large, une entreprise qui se nourrit de sa diversité et qui permet à chacun·e de réussir.


Montrons d'abord pourquoi les sujets de l'inclusion et de la diversité sont devenus des thèmes prépondérants dans le monde de l'entreprise, comme dans la société civile.

Quels sont les grands bouleversements qui touchent le monde travail, faisant de l'inclusion et de la diversité des axes stratégiques ?

L'année 2020, une année qui menace les sujets d'inclusion

L'année 2020 n'a épargné personne, et surtout pas les femmes. Selon une étude du Boston Consulting Group (magazine Têtues), on a vu augmenter le nombre de personnes LGBT+ qui n'osent pas s'affirmer comme telles. La première explication donnée a été celle du télétravail, pouvant engendrer une perte de communication au sein des équipes. Mais ce n'est sûrement pas la bonne. Dans les périodes de crise, les premières victimes sont les sujets d'inclusion, de diversité et d'égalité. C'est pourquoi, à la différence de la crise de 2008, celle de 2020 touche davantage les femmes. On parle alors de she-cession (mot valise entre she et recession), qui s'oppose à la man-cession (récession qui touche les hommes car secteur manufacturier et construction).

Pourquoi les femmes sont-elles cette fois particulièrement touchées ?

  • Les secteurs fortement impactés par la COVID sont majoritairement féminins. Le domaine de la santé par exemple est sous grande tension, tandis que la restauration, l'hôtellerie, les services de proximité (aides à domiciles, ...) peinent à survivre.
  • Les infrastructures scolaires sont ralenties. Les écoles, les crèches ferment et les nounous ne peuvent poursuivre leur activité. Si l'on prend l'exemple des Etats-Unis, la majeure partie des 900 000 personnes ayant cessé leur activité professionnelle à cause du virus est féminine. De ce fait, l'on observe inévitablement une baisse des revenus immédiate, ainsi qu'une baisse des retraites par la suite. En définitive, les écarts hommes-femmes se creusent.
  • L'économie subit une double-perte puisque deux groupes de femmes se retrouvent sans travail. Celles qui font partie de l'activité domestique externalisée (garde d'enfants...) et celles qui confiaient leurs enfants pour pouvoir travailler. La conséquence directe est une nette baisse du PIB. À titre d'exemple, nous pouvons citer la stratégie économique japonaise. En mobilisant et encourageant les femmes à participer à l'économie, le pays tente de maintenir son PIB malgré le vieillissement de la population. Les femmes sont donc essentielles à la santé économique d'un pays.

Nous vivons une succession de paradigmes

De l'image de la mère de famille s'occupant de son foyer lorsque son mari était à l'usine, jusqu'à la société moderne que nous connaissons rythmée par les innovations et les nouvelles technologies, l'histoire traverse de multiples transformations. Mais dans chacune d'entre elles, la femme n'a a priori pas un rôle primaire. Aujourd'hui encore, les femmes sont peu représentées dans le secteur du numérique, contrairement à celui des services. Elles ont souvent des emplois peu protégés. La société évolue, la population augmente et l'espérance de vie augmente chaque année. Mais les organisations qui encadrent cette société en sont-elles le juste reflet ? Non, et c'est en partie parce que les femmes y sont peu représentées. Pourtant l'enjeu est de taille : une entreprise diversifiée est plus à même d'identifier les différents problèmes de son marché, car elle y pose des points de vue adaptés.

Pour approfondir ce sujet : Feminist City par Leslie Kern

Comment créer de telles entreprises, modernes, engagées, productives, robustes ? Voici les 10 conseils de Laëtitia Vitaud pour construire l'entreprise inclusive et féministe de demain.


À propos de Laëtitia Vitaud

Laetitia Vitaud a démarré sa carrière professionnelle il y a une vingtaine d'années après avoir étudié à HEC.

Agrégée d'Anglais, elle enseigne pendant près de 10 ans cette matière, ainsi que la culture et l'histoire anglo-saxonne. Puis elle change de vie.

Elle explore alors la révolution digitale et la nouvelle économie au travers du prisme des ressources humaines : quels effets sur l'organisation du travail, sur les modes de management, le freelancing, la protection sociale, les compétences et valeurs du travail de demain.

En tant que chercheuse et auteure, elle a publié livres et articles sur cette nouvelle génération du travail et sur les bouleversements sociétaux qui en découlent. Tu peux la retrouver également grâce à ses newsletters Laetitia@Work et Nouveau Départ.

À propos d'Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Lyon et Nantes et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.

Juliette Leroux

Chargée de Communication

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