Comment féminiser son équipe tech ?

Féminisme juin 03, 2022

Pour cet article, nous avons laissé la plume à Amandine Laveau, qui encourage la mixité dans le digital et le technique avec Femina Tech, association dont elle est co-fondatrice et Présidente, et soutient régulièrement les réseaux lorrains afin de favoriser les échanges de savoir-faire, comme avec Synergie Club dont elle est Vice-Présidente.

On se présente ?

Amandine, 39 ans, chef d’entreprise d’une TPE informatique – Steel PC, présidente de l’association Femina Tech, maman de 4 enfants et espèce en voie de disparition : femme dans la tech !

Hein ? Une fille dans la Tech ?

Quand je me lève chaque matin, je vérifie la date, et surtout l’année. Oui nous sommes bien en 2022 et je vous parle de diversité dans les équipes techniques. La légende urbaine pourra faire croire que le sujet est has been. Que nenni ! Bien au contraire : dans les années 80, 30% de filles dans les filières techniques informatiques. Aujourd’hui, on arrive à peine à dépasser les 7% tout secteur numérique confondu. On atteint les 45% en comptabilisant les fonctions administratives et transverses. Mais où sont passées ces jeunes filles, scientifiques, qui codaient et voulaient participer à la révolution numérique ? Faisons un petit peu d’histoire pour comprendre le phénomène.

Retour vers le futur

Qui a créé le code informatique ? C’est une femme : Ada Lovelace en 1842 ! Et oui, le code a plus de 180 ans ! Puis des armées de jeunes femmes transcrivaient, codaient, programmaient les premiers ordinateurs dans une immense pièce. On est dans les années 60 – 70. Margaret Hamilton programme la mission Apollon et Katherine Johnson calcule et définit la trajectoire de pose de la navette sur la Lune. La diversité des équipes techniques n’était pas acquise, l’égalité femme – homme naissante, mais les filles osaient. Elles osaient les matières scientifiques, elles osaient combattre les stéréotypes et pensaient que le monde leur ouvrait les bras. Nos mères sont entrées dans les années 80 en travaillant dans les domaines les plus variés, techniques ou non, tout en nous élevant.

Mais alors ?

Que s’est-il passé ensuite pour qu’aujourd’hui les sciences n’attirent plus et surtout les jeunes filles ? A quel moment a-t-on aiguiller les filles vers certains domaines et les garçons vers d’autres ? Fin des années 90, quand j’ai opté pour une orientation dite « de garçon », j’avais choisi de faire du génie mécanique. J’étais la seule dans la promotion au milieu de 80 garçons. Mes parents m’ont expliqué que la diversité c’était bien, mais sur le papier. Que je ne serai jamais embauchée. Après 2 ans à découvrir l’automatisme, je complète ma formation avec un diplôme en informatique : programmation et réseau. Sortie des études, là, la réalité. Oui il n’y a pas de diversité dans les équipes techniques. On embauche à tour de bras dans la tech, mais pas ou peu de fille. Une fille dans l’équipe effraie les managers. On ne sait jamais, une équipe projet mixte ça pourrait fonctionner !

Intégration ou objet de foire ?

Alors quand on n’arrive pas à trouver son job, on le crée. Et là, un nouveau stéréotype : une jeune femme, technicienne en informatique, qui crée son entreprise pour proposer de la maintenance auprès d’autres TPE/PME, ça n’existe pas (ou peu !). Ça se remarque, ça dénote une fille qui fait de la tech ! Regardez les business club généralistes, combien de femmes à leur tête ? Et si on se focalise sur ceux qui concernent le numérique : on cherche encore. Dès qu’on en croise une, on la montre et on lui demande de témoigner, d’expliquer son choix, de porter « la bonne parole ».

Prise de conscience

Il y a 5 ans, notre Président a déclaré l’égalité Homme-Femme : grande cause du quinquennat. Début de la prise de conscience dans le monde du travail. Des nouveaux business club dédiés aux femmes voient le jour. On met en avant les bénéfices d’une équipe diversifiée : même compétence et raisonnement complémentaire. Evènements axés sur les femmes dans la technique, émissions télé, radios, focus politique, prix entreprise RSE dédiés : le marketing utile est en marche.

Résultat ?

Alors 5 ans d’actions intenses, c’est peu ou beaucoup ?  Des premiers résultats ? Les filles choisissent-elles plus les filières techniques ? Elles ont disparu des écoles informatiques entre la fin des années 80 et aujourd’hui. La communication différenciée, axée sur la diversité, fonctionne-elle vraiment ? Quand on interroge les écoles post bac, les chiffres restent stables. Pas d’augmentation de jeunes femmes, pas de baisse non plus. Elles ne désertent plus. Mais la magie n’opère pas encore. Un regain pour ces filières est-il possible ? Les filles aiment les sciences mais pensent qu’elles ne sont pas capables dans les domaines 100% techniques. Elles bifurquent vers médecine, droit, social. Les écoles les « draguent » directement en collège, lycée avec une promotion spécifique de leur diplôme et leur cursus. Une mise en avant de l’intégration post-étude de ces jeunes femmes dans les grandes entreprises de Silicon Valley complète cette promotion. On rêve déjà de télétravail au bord du Pacifique avec une vue sur Nappa.

Et nos filles ?

Maintenant que je suis en âge de penser à l’avenir de mes enfants, à leurs choix d’étude, je m’inquiète des hypothèses possibles. Comment procède-t-on ? Quels sont les choix, les options possibles pour nos filles et garçons ? Quand on parle de diversité dans les équipes techniques, il faut l’entendre dans sa globalité. L’équipe technique communicante doit être plus composée de garçons aussi ! On demande à nos enfants de choisir des matières, et choisir c’est renoncer. Renoncer à une autre matière, un autre domaine. Nos enfants ont l’impression d’être entrés sur une autoroute où une seule sortie existe. On ne leur parle pas emploi, employabilité, diversité, potentiel. On leur parle note, résultat, matière, choix. Ils optent pour obtenir les meilleurs résultats et non tester, essayer ce qui pourraient leur plaire. Les filles n’osent pas essayer. L’équipe éducative, les parents, la société ne les encouragent pas à oser. « Travaille bien et sois sage » : voilà le discours.

Donc…….

Changer les mentalités, changer le positionnement de l’orientation, de l’éducation nationale, épauler les établissements scolaires dans leurs démarches de rapprochement avec le monde de l’entreprise prend du temps. On ne peut revenir à la situation en une génération. Mais la démarche est engagée. La volonté est là. Les questionnements se posent et c’est bénéfique. Les collèges et les lycées ouvrent leurs portes et proposent des conférences, ateliers pour tester le code, l’assemblage de pc, la soudure de fibre, la programmation de robots. Et les parents y viennent aussi. On se rappelle comme c’était marrant les premiers ordinateurs et on peut paraître vieux dinosaures de l’informatique auprès de nos enfants. Les entreprises misent sur une politique de recrutement décalées et il fait bon d’être une femme dans la tech aujourd’hui !

Alors demain quand ma fille viendra me (re)dire que, plus tard, quand elle sera grande, elle veut faire pompier, policier et Spiderman ; je pourrai lui dire GO ma fille ! Le monde t’ouvre les bras ! – Enfin Spiderman, c’est toujours compliqué techniquement parlant ;-)

À propos d'Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify.

Aucun prérequis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines ! Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.

Amandine Laveau

Audacieuse working girl de l’informatique, Amandine dirige Steel PC. Sa passion pour le numérique la pousse à s’engager : elle est Vice-Présidente de Grand Est Numérique, et Présidente de Digital SME.

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