L'Homme féministe, un homme peut-il être féministe ?
Oui, tu as bien entendu, le mot féminisme n'est pas propre aux femmes et voir un homme engagé dans le féminisme ne devrait pas te choquer.
Comme nous l'avons expliqué dans un article sur l'histoire du féminisme, ce terme désigne simplement l'engagement d'un genre pour l'égalité. Il n'y a donc aucune raison que les hommes soient pas féministes finalement ! À ce propos, nous te conseillons ce petit guide pour déconstruire les idées reçues sur le féminisme.
L'éducation patriarcale, les codes de la société, les stéréotypes, les biais discriminants font que beaucoup de nos homologues masculins désirent et pensent toujours avoir la position dominante.
Pourtant, les effets de cette masculinité exacerbée et ceux d'une société patriarcale ne sont ni agréables pour les femmes (ça paraît évident), ni pour les hommes eux-même !
Cet article est ici pour te montrer les avantages de l'engagement des hommes dans le féminisme et surtout qu'il s'agit d'un beau combat pour l'égalité. Il n'y a pas de honte à crier haut et fort : "Je suis un homme féministe et fier de l'être"
Alors montrons ce que l'engagement féministe apporte aux hommes !
La masculinité toxique ou les inconvénients de la domination des hommes
Qu'est ce que la masculinité toxique ? C'est la masculinité dans son mauvais côté. On va pas te faire un schéma, mais entre les violences récurrentes, les propos sexistes et les suicides qui touchent trois fois plus les hommes que les femmes, ça te donne une petite idée de ce que signifie ce terme.
Attention, il est hors de question de généraliser, même si il ne devrait même pas être nécessaire de le préciser. Tous les hommes ne sont pas violents, évidemment. Mais la construction de la masculinité dans une société patriarcale peut révéler des plus forts attraits pour les comportements déviants, aussi et surtout parce qu'ils étaient longtemps tolérés.
La société a souvent glorifié la violence. Et montrer sa vulnérabilité avait donc mauvaise presse. En effet, les hommes se sont construits avec l'idée d'être viril, un terme qui signifie beaucoup et pas grand chose en même temps. Il s'agirait pourtant de la définition de la force, du courage, de l'autorité et du pouvoir. Au fil du temps et notamment en cette période de révolution féministe, comme le rappelle Slate, cette virilité a muté mais n'a pas disparue. En effet, les injonctions sont toujours les mêmes : être un leader qui montre son autorité, et qui laisse peu de place aux sentiments.
Et pourtant, l'engagement dans le combat féministe est une belle preuve de force.
Bref, ce déni de l'extrême envers ses émotions, et l'injonction d'être forcément dans une dynamique de domination n'est pas très bon psychologiquement parlant. En effet, cela peut entraîner des pathologies, plus ou moins graves, puisque la demande d'aide est considérée comme aveu de faiblesse
On te l'accorde, contrer les stéréotypes n'est pas une tâche facile, surtout quand on se retrouve seul face aux autres. En effet, dans son livre "For The Love of Men", Liz Plank, parle non seulement du fait que les hommes ne sont pas éduqués à parler de ce qu'ils ressentent mais qu'ils sont carrément moqués lorsqu'ils le font.
Paradoxalement, certains hommes qui cherchent la virilité physique à tout prix peuvent perdre leur capacité à enfanter, rappelle Slate. En effet, la prise de stéroïdes ou de pilules anti-calvitie a des mauvais effets sur la fertilité masculine. Il s'agit du paradoxe Mossman-Pacey, d'après James Mossman et Allan Pacey, les deux chercheurs américains qui ont récemment théorisé ce comportement contraire aux principes de l'évolution. En cherchant à manifester leur force physique, les hommes peuvent aller jusqu'à diminuer leur fertilité.
Comme le disait justement Emma Watson "les hommes et les femmes devraient avoir tous deux le droit d'être sensibles. Les hommes et les femmes devraient avoir tous deux le droit d'être forts. Il est temps de considérer le genre comme un spectre et non plus comme deux idéaux opposés" .
À toi de prendre ce qu'il y a de mieux chez toi et d'arrêter de te conformer à ce que la société patriarcale te demande. Surtout lorsque ce comportement ne fait pas souffrir que toi.
Le féminisme : la recette contre les injonctions masculines
Les injonctions masculines sont nombreuses. En effet, la société patriarcale n'apporte pas que du positif au genre qui est censé en profiter. En effet, comme l'affirme la philosophe Olivia Gazalé dans son livre "Le mythe de la virilité" , les hommes ont tout à perdre de cette position dominante.
Le militant néerlandais Jens van Tricht affirme d'ailleurs dans son livre «Pourquoi le féminisme est bon pour les hommes» que l'engagement féministe est finalement libérateur pour les hommes. En effet, se battre pour l'égalité leur permettrait d'établir des relations amicales égalitaires, plus solides et sincères, les déchargerait des responsabilités professionnelles, leur apprendrait à prendre soin des autres, à lâcher leurs émotions humaines et à réduire la violence individuelle et de groupe.
Rien ne t'empêche de travailler sur toi pour comprendre comment tes attitudes peuvent impacter la société. Cela t'aidera à te rendre compte justement que c'est parfois une simple remarque dans une conversation qui reflète un comportement discriminant et dominant. Tout le monde peut-être vecteur de discriminations et de stéréotypes, même le·a plus engagé·e d'entre nous.
De plus, le soutien des hommes aux mouvements féministes est important pour faire avancer leurs homologues masculins, encore bien ancrés dans des schémas patriarcaux. En effet, c'est en défiant les autres hommes que tu peux faire la différence et faire changer d'avis les esprits les plus fermés. Preuve que ce combat demande détermination, courage, force et autorité, les fameuses composantes de la virilité.
Tu as des milliers de manière d'être féministe :
- Soutenir de campagnes contre la violence faite aux femmes
- Rejoindre des associations
- Eduquer les jeunes et ses enfants
- Contrer les stéréotypes dans certains clubs de sport, où les équipes sont non-mixtes
- Tout simplement en osant affronter ton·ta pote sexiste
Tu te sentiras fier de lutter pour l'égalité, heureux de voir que tu peux changer les esprits et surtout reconnaissant de pouvoir être l'homme que tu veux être, sans te définir par les stéréotypes imposés par la société.
L'historien Ivan Jablonka propose des solutions qui permettent aux hommes de se sentir féministes, sans être dans l'opposition stéréotypante du macho invétéré et de l'homme fleur bleue :
- La masculinité de non-domination : juste l'idée de refuser le pouvoir d'un genre et de partager le temps de parole, l'autorité et les responsabilités
- La masculinité de respect : qui laisse de l'espace à l'amour et à la drague tout en appliquant des règles de consentement
- La masculinité d’égalité : qui met en lumière une égalité parfaite, dans toutes les sphères sociales, notamment dans la sphère familiale.
En effet, comme le rappelle Liz Plank : "Même les hommes qui ont été élevés par des mères féministes ont encore un idéal de masculinité faussée. Les garçons doivent aussi être élevés par des pères féministes". En effet, pour avoir une véritable vision égalitaire, il est important de se projeter grâce à des exemples.
Les hommes féministes qui marquent l'histoire
Les hommes féministes n'ont pas forcément beaucoup de visibilité. Pourtant ils existent et en nombre. Comme on te le rappelait, ce n'est pas censé t'étonner sachant qu'il s'agit simplement d'un engagement humaniste. Mais leur place dans le mouvement féministe interpelle encore. En effet, seulement 49% des hommes en France se considèrent comme "féministes", selon un sondage datant de 2019, preuve que le terme manque encore de clarté.
Feminist in the city en a répertorié les hommes féministes qui valent un petit coup de projecteur :
- Pierre Foldes, un chirurgien français réparant les victimes d'excision : engagé humanitairement depuis longtemps, c'est au Burkina Faso qu'il découvre l'horreur de l'excision. Il décide alors de développer une technique chirurgicale permettant de réparer au mieux cette atteinte aux corps des femmes. Il écrit d'ailleurs un livre sur le plaisir féminin en 2011, avec la gynécologue et obstétricienne Odile Buisson « Qui a peur du point G ? ».
- Mark Ruffalo, le fervent militant des droits des femmes et notamment de l'avortement : dans un texte écrit en 2013 pour défendre ce droit, il affirme : "Je suis un homme, je pourrais dire que cela ne me regarde absolument pas. Sauf que j'ai deux filles et que ma mère a été obligée de se faire avorter illégalement dans un état où l'avortement était interdit lorsqu'elle était jeune. Ça lui a coûté 600 dollars » .
- Le prince Harry, fortement engagé dans l'éducation des femmes : « Je n'ai que rarement parlé des défis que doivent relever les petites filles, mais je pense qu'il est important de rappeler quelque chose qui est devenu évident à mes yeux : il y'a bien trop d'obstacles entre les jeunes filles et les opportunités qu'elles méritent."
- Daniel Craig, le défenseur de l'égalité dans l'industrie cinématographique : l'acteur a joué dans un court-métrage à l'occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les droits de femmes. Il n'hésite pas à remballer les remarques sexistes de ses interlocuteurs, notamment l'une concernant le rôle de Monica Belluci, une femme "plus âgée" que la tradition des James Bond Girls, selon le journaliste, à laquelle l'acteur répond : « Vous voulez dire une femme de son âge. Au nom du ciel, on parle là de Monica Belluci. Tu peux vraiment t’estimer heureux quand quelqu’un comme elle accepte de jouer une James Bond Girl. »
- Le secrétaire général des Nations Unis Antonio Guterres . Voici un extrait de son discours du 18 juillet 2020 : "Moins d’un dirigeant mondial sur 10 est une femme. Les inégalités de genre nuisent à toutes et à tous car elles nous empêchent de bénéficier de l’intelligence et de l’expérience de l’ensemble de l’humanité. C’est pourquoi, en tant que fier féministe, j’ai fait de l’égalité femmes-hommes une priorité absolue, et la parité des sexes est maintenant une réalité dans les postes de haut rang à l’ONU. J’invite instamment tous les dirigeants, quels qu’ils soient, à faire de même. "
Qu'est ce qu'un homme féministe en 2023 ? Place aux témoignages
Chez Ada Tech School, nous ouvrons largement nos portes aux femmes qui rêvent de travailler dans la tech, en tant que développeuses car nous souhaitons voir le monde de l'informatique devenir mixte. Mais ce n'est pas pour cette raison que les hommes sont exclus, au contraire. Nous sommes convaincues que la mixité à tout a offrir.
Olivier Lance, encadrant dans notre école d'informatique, a livré un témoignage précieux sur son engagement féministe, qui pourra sûrement te servir :
"Globalement, je suis très attaché aux valeurs de la justice et de l'équité. Je pense que j'ai pris peu à peu conscience d'où ces valeurs étaient les moins respectées.
Pour autant que je puisse dire, ce n'est pas moi qui aie collé le mot "féministe" sur mes idées. On m'a dit que je l'étais, je me souviens d'une phrase genre "c'est vrai que t'es plutôt féministe, toi".
"À mon niveau personnel, être un homme féministe a en premier lieu signifié d'adapter mon comportement pour ne pas tomber dans le sexisme ordinaire. Ça implique donc d'être conscient de la portée de ce que je dis et de comment je le dis, des blagues que je fais, etc. Et aussi d'avoir l'humilité de reconnaître que j'ai pu faire des faux pas et que ce n'est pas moi qui fixe les limites de ce qui est acceptable ou non, puisque je suis un homme."
"J'essaie aussi, autant que possible, de ne pas laisser passer les actes ou paroles sexistes auxquels j'assiste. Ce n'est pas toujours facile : reprendre un collègue ou un ami c'est simple ; s'interposer dans la rue face à un mec qui pourrait tourner violent, c'est plus dur (je l'ai déjà fait, mais probablement pas à chaque fois que j'aurais pu/dû...). Il y a plein d'autres petites choses de la vie aussi, comme expliquer à mon fils qu'il y a plein de femmes scientifiques extraordinaires, qu'aucun métier n'est réservé aux hommes. Et enfin, le féminisme a aussi été pour moi une porte vers une prise de conscience beaucoup plus générale des problèmes d'inclusivité et d'équité qui ternissent notre société. "
"Je n'ai jamais eu un tempérament militant... Mais je crois en l'éducation et j'essaie de faire ma part de ce côté, à mon échelle personnelle. C'est aussi pour ça que j'ai rejoint Ada, qui est un projet fantastique et très en phase avec ma personnalité et ma vision du féminisme. Ici je ne crie pas dans un mégaphone, mais je peux apporter mes connaissances et mes compétences pour aider le monde de la tech à s'enrichir de personnes aux horizons et aux personnalités plus diverses !"
"J'ai l'impression que le féminisme dérange parce qu'il cherche à changer des situations et des pratiques qui ne sont pas perçues par certains comme dysfonctionnelles. C'est très dur, je trouve, de prendre du recul et d'observer notre propre bulle, celle dans laquelle on vit et qui définit à la fois notre normalité et notre système de valeurs. Du coup c'est d'autant plus difficile de prendre conscience et d'accepter que notre place dans la société est en grande partie due à nos privilèges. Beaucoup plus simple de se dire un "self-made man" ! Il y avait eu une vidéo sur ce sujet que j'avais trouvée assez formidable : nothing you've done, has put you in the lead that you're in right now"."
"De manière générale, j'imagine que les hommes qui ont peur du féminisme voient en fait le féminisme comme un mouvement destiné à rabaisser l'homme plutôt que comme un mouvement destiné à élever la femme, et qu'en cela ils se sentent attaqués. Et il y a une part de vérité dans cela, puisque pour rééquilibrer quelque chose, il faut bien prendre d'un côté pour redonner de l'autre... "
Chez Ada Tech School, notre but est d'ouvrir les portes d'un monde encore très masculin à des jeunes femmes et des hommes engagé·es.
Tu peux télécharger une brochure de présentation ou participer à une conférence en ligne pour en savoir davantage. Puis, tu peux toujours regarder les autres articles de notre blog : au programme : tech, féminisme, pédagogie inclusive et on en passe.
A propos d’Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.
L’école est située à Paris, Nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation, les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.