Le problème des "boys club" de la Silicon Valley

Féminisme mars 11, 2021

Depuis quelques années, les langues se délient et le sexisme ordinaire se déconstruit. Mais quand va t'on pouvoir vraiment mettre fin à la masculinité toxique?

Quand on s'attaquera aux personnalités de pouvoir, qui ont la main mise sur de nombreuses personnes et continuent de faire perdurer une culture machiste, le culte du viol et de banaliser des violences psychologiques et physiques.

Depuis le mouvement MeToo, les grands puissants de notre monde commencent à perdre pied. Ils se sentent un peu tanguer. Mais le patriarcat est loin d'être mort.

Pourtant aussi bien dans les cercles politiques que dans ceux de la tech, les masques tombent peu à peu.

Rendre la tech aux femmes

Nous voulons ici t'expliquer la grave problématique des "boys club" de la Silicon Valley, le temple de l'informatique, qui rassemble les plus grandes et puissantes entreprises de notre monde numérique et malheureusement aussi les plus grands et invétérés machos de l'univers.

Alors, ça te dit un petit tour de piste dans le sillage des dirigeants de la tech mondiale et de leurs "boys clubs" scandaleux ?

Nous sommes ici surtout pour montrer qu'au final, le sexisme se combat par des bonnes pratiques, par la libération de la parole et l'engagement des femmes et hommes féministes.

Qu'est ce que les "boys clubs" ?

A l'origine, cette expression vient d'Angleterre. Elle s'est ensuite démocratisée au début du 19ème siècle. Les "boys clubs" représentaient des groupes d'hommes qui s'organisaient pour s'échapper de l'espace domestique, qui était relégué, à contre coeur, aux femmes.

Par la suite, les "boys clubs" se sont développés surtout au sein des écoles privés prestigieuses, dans lesquelles étaient formés des étudiants voués à mener le monde et devenir des personnes importantes et influentes. Il s'agissait de lieux ou régnaient la convivialité, les désirs hétérosexuels et dans lesquels l'homophobie et la misogynie régnaient en maîtres.

Au fur et à mesure des années, les "boys clubs" sont devenus des cercles très fermés et ultra confidentiels, comme le rappelle Martine Delvaux, l'autrice du livre "Les filles en série. Des barbies aux Pussy Riot" et professeure en études féministes à l'Université du Québec.

La domination masculine et le problème des boys clubs

Les "boys clubs" peuvent se définir de la manière suivante :

  • Une organisation contrôlée seulement par des hommes et dont les femmes sont majoritairement exclues
  • Les hommes présents et acceptés sont souvent fortunés ou possèdent un pouvoir politique ou une grande influence dans les prises de décision et sont généralement blancs et hétéros
  • Des personnes qui utilisent leur pouvoir pour régner sur les autres
  • Une élite dont le but est de préserver un réseau de prestige et d'en exclure impérativement les femmes

Comme l'explique Todd Reeser, les hommes de ces "boys clubs" banalisent et perpétuent la masculinité toxique, ils pensent la virilité comme une idéologie, qui leur permet de détenir le pouvoir et régner en maître. Tu peux d'ailleurs regarder le film "The Riot Club" pour te rendre compte de l'ampleur du dégât de ces cercles de la débauche.

En s'immisçant dans le temple de la tech, à la Silicon Valley aux Etats Unis, la journaliste Emily Chang a dénoncé ces "boys clubs" d'une extrême violence. Dans son livre Brotopia, elle dépeint une culture sexiste et dénonce les orgies sexuelles où la drogue est la maîtresse de cérémonie. Elle y raconte que les soirées sont organisées pour que les femmes soient les objets sexuels des hommes : « Je vois de nombreux hommes coucher avec une dizaine de femmes en même temps » écrit-t-elle.

Elle raconte d'ailleurs qu'au bout du compte, c'est toujours la femme qui perd au change. Si elles acceptent d'y assister, elles sont ensuite décrédibilisées, si elles refusent, elles finissent à la table des "pas cool".

Comme l'explique Elisabeth Sheff, experte des relations libres, ce phénomène n'est en aucun cas une liberté : "c’est de l’exploitation. De l’arrogance masculine rétrograde et tordue et c’est à la limite de la prostitution."

En effet, dans un univers particulièrement masculin comme la tech, les femmes subissent déjà des stéréotypes, des discriminations quotidiennes. Une étude de 2015 avait d'ailleurs mis en lumière le fait que 60% des femmes travaillant dans la Silicon Valley avaient déjà fait l'objet d'avances sexuelles, pour la plupart de la part de leurs supérieurs.

Par exemple, une ancienne employée de Tesla avait dénoncé le malaise que ressentaient les femmes en traversant certaines zones de l'entreprise, appelées aussi les zones "des prédateurs" par le fait qu'elles se faisaient automatiquement sifflées, injuriées.

La banalisation des discriminations et violences dans la tech s'explique par une disparité de femmes dans le milieu. En effet, selon une étude de 2018 portant sur 80 entreprises technologiques et effectuée par l'organisation Anita B, les femmes représenteraient seulement 24% de la main-d'oeuvre technique.

Avec la libération de la parole, l'écrivaine-journaliste de "Brotopia" sait que le phénomène va finir par s'éteindre. Et il est temps d'y croire et de faire cesser ces "boys clubs" de la honte.

L'importance de la parole et de la liberté d'expression

Les conséquences de ces "boys clubs"

Les effets de la masculinité toxique et des "boys clubs" sont sans commune mesure. L'existence de ces groupes ne fait que perdurer les stéréotypes bien ancrés de la société patriarcale et même pire, leur violence.

Les conséquences premières sont cette banalisation de la violence et la généralisation des comportements déviants, qui heurtent les femmes mais aussi les autres populations comme la communauté LGBT +, les milieux défavorisés et racisés quand ce ne sont pas les hommes eux-même. Dans un monde où les droits humains guident les sociétés occidentales, ce genre de comportements n'est plus acceptable. C'est donc d'abord une question éthique.

Puis, cette masculinité toxique, imagée par les "boys clubs", a aussi une conséquence financière. En effet, comme le rapporte Lucile Peytavin, dans son livre "Le coût de la virilité", la domination masculine équivaudrait à une perte de 95,2 milliards par an seulement pour la France. Et cela s'explique par plusieurs facteurs. Par exemple par le fait que les hommes sont responsables de la majorité des comportements déviants, ce qui coûte déjà à la justice une grosse somme.

Dire stop à la banalisation de la violence

"Je vais le dire très clairement : je ne m’attaque pas aux hommes dans cet essai mais à cette éducation qui valorise et perpétue les valeurs viriles de force, de résistance à la douleur, au détriment des sentiments, de l’empathie... On ne naît pas violent, il n’existe pas de prédisposition génétique à cela, on le devient. Ce sont des schémas culturels, plus ou moins conscients, qui poussent à une éducation différenciée entre filles et garçons et entraînent ces derniers vers des comportements dangereux, voire violents. Ces comportements ont des conséquences sur le bien commun. Il est temps d’en prendre conscience" rapporte cette historienne et membre du laboratoire de l'égalité.

Mais c'est un fait qui ne demande qu'à être bouleversé. Heureusement que de nombreuses initiatives existent et permettent de rendre le domaine de la tech plus attrayant.

Comment lutter contre ces "boys clubs" ?

Déjà en commençant par les dénoncer, les exposer médiatiquement. Cela permet aussi aux victimes de se rendre compte de leur importance et qu'elles peuvent être protégées et soutenues.

Puis, de nombreuses bonnes pratiques en entreprise permettent de lutter contre toutes formes de sexisme. Chez Ada Tech School, nous disposons d'une charte qui permet de cultiver l'inclusion en entreprise (et donc par la même occasion, éviter aux "boys clubs" d'avoir une trop grande influence).

Ouvrir le monde de la tech aux femmes

Voici les 8 points fondamentaux à suivre :

  • Appliquer systématiquement une grille salariale claire et transparente, qui se base sur un métier et des tâches précises et non pas sur le parcours ni la formation d'un profil. Cette grille doit être rendue publique et être connue de tou·te·s.
  • Prévenir, détecter et lutter contre le harcèlement et toutes formes de discriminations. Pour ce faire, il est nécessaire de former les collaborateurs et de mettre en place un dispositif de détection. De même, il ne doit y avoir aucune tolérance face à des propos dévalorisants, humiliants, qu'ils soient sexistes ou racistes.
  • Insuffler une culture d'entreprise inclusive, en proposant des activités pour souder l'équipe, des activités non discriminantes et mixtes.
  • Offrir aux salarié·e·s des locaux adaptés, en respectant les impératifs de chacun·e et en pensant l'espace pour qu'il ne soit pas inégalitaire.
  • Offrir des formations sur les biais de genre. Cela peut passer, par exemple, par des activités qui questionnent nos habitudes et qui permettent de réfléchir à une meilleure cohésion d'équipe.
  • Créer des dispositifs d'accompagnement à l'évolution de la carrière. Pour ce faire, il est nécessaire de définir en amont les compétences objectives à acquérir pour être promu·e et de partager publiquement ces objectifs. Puis, il est intéressant de faire une revue annuelle des salaires et des responsabilités de chacun·e pour identifier les potentiels biais.
  • Créer des groupes de dialogues intra-entreprise et des rôles modèles, en animant des ateliers de réflexion et de partage sur des expériences, en apportant du soutien et du mentoring aux salarié·e·s et en cultivant cet esprit de cohésion. Cela peut passer par l'organisation d'événements qui mettent en lumière des rôles modèles, de formations pour contrer le syndrome de l'imposteur, etc...
  • Prendre des mesures de Parental Act et d'accompagnement à la naissance, en proposant 1 mois de congés rémunérés au second parent, en aménageant le temps de travail, en offrant des mesures de financement et d'accompagnement pour trouver des solutions de garde d'enfants, en organisant des points avec les salarié·e·s concerné·e·s pour gommer les disparités liées aux absences et à l'aménagement du temps de travail.

Ces mesures ne sont bien sûr pas exhaustives. En effet, le principal est de cultiver une ambition d'égalité et de bienveillance au sein de l'entreprise.

Les écoles doivent pouvoir aussi s'assurer que leurs partenaires entreprise suivent leurs valeurs, c'est pourquoi à Ada Tech School, nous avons décidé d'orienter nos apprenant·e·s vers des entreprises engagées. Par exemple, notre partenaire Trainline tente de sensibiliser à la problématique du genre dans la tech en mettant en place une exposition "femmes et informatique" dans leurs locaux, notamment pour provoquer des discussions sur ces questions dans l'entreprise.

ManoMano, une entreprise de bricolage, s'est engagée à recruter des apprenant·e·s de notre école féministe pour contrer la disparité de femmes dans la tech.

Comme tu peux le voir, il y a des millions de manière de lutter contre les déviances de la masculinité toxique et l'influence des "boys clubs".

Continuons de nous battre pour l'égalité

Chez Ada Tech School, notre but est d'ouvrir les portes d'un monde encore très masculin à des jeunes femmes et des hommes engagé·es. Tu peux télécharger une brochure de présentation ou participer à une conférence en ligne pour en savoir davantage. Puis, tu peux toujours regarder les autres articles de notre blog : au programme : tech, féminisme, pédagogie inclusive et on en passe.

A propos d’Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Lyon et Nantes et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation, les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.

Salomée David Baousson

Rédactrice web

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