L'histoire des féministes
Depuis des années, les féministes se battent pour l'égalité. En effet, la majorité des femmes du monde sont marginalisées, subissent des discriminations, des violences simplement sur le critère de leur genre. C'est parce qu'il s'agit d'un problème de taille et qui ne mérite aucune justification que des mouvements féministes ont émergé. Et cela depuis longtemps. Ils ont façonné l'histoire.
Comment est né le féminisme ? A quoi sert-il ? Quel est son histoire ? Est-il universel ou existe-t-il différentes formes de combats féministes?
Nous avons décidé de te faire un récapitulatif de l'histoire du féminisme. 2020 a été une année forte en émotion et qui a été marqué par le combat pour l'égalité. Avec les suites de MeToo dans tous les secteurs (cinéma, musique, start-up, droit...), Black Lives Matter, les manifestations en Argentine pour le droit à l'avortement ou encore la médiatisation de l'inceste en France, les féministes ont pu exprimer les traumatismes qu'elles subissent au quotidien pour revendiquer leur droit naturel à l'égalité.
Nous espérons que les prochaines générations de femmes pourront véritablement être payées comme leurs homologues masculins, qu'elles puissent avoir une place dans tous les domaines, notamment dans la tech, et qu'elles ne subissent plus les stéréotypes et le machisme de notre société. Pour cela, il est hors de question de lâcher l'affaire car rien n'est acquis. C'est pourquoi il est nécessaire de remonter dans notre histoire.
Allez, on te laisse te replonger dans la belle et inspirante histoire du féminisme, le mouvement impressionnant d'un genre en souffrance qui a su combattre, militer, se mettre en danger pour que tu aies aujourd'hui rien que le droit de voter. Cette histoire permet aussi de se rendre compte de l'ampleur du mouvement, qui parait presque insensé tellement l'objet du combat est évident. Quoiqu'il en soit, il a bien dû être mené et continuera de l'être !
Qu'est ce que le féminisme ?
Comme l'explique Feminist In The City, le féminisme est tout simplement le mouvement de lutte pour l'égalité des genres. En effet, le mouvement féministe ne cherche par à placer les femmes au dessus des hommes mais simplement à laisser la même place aux femmes dans la société. Cette définition de l'égalité est complète, c'est à dire qu'elle touche autant au domaine politique, économique, culturel, personnel, social et juridique.
Lorsque des sociétés sont créés sur des bases patriarcales, que les traditions et les lois ont toujours placé l'homme au centre de la société, c'est particulièrement difficile de changer les normes et d'atteindre l'égalité. C'est pourquoi des luttes féministes ont dû être menées. Le langage féministe peut parfois paraitre guerrier, c'est tout simplement car il s'agit d'un véritable combat, qui a une histoire tourmentée et inspirante. Et qui a surtout porté ses fruits.
Il existe différentes formes de féminisme. Déjà car l'égalité touche à des domaines très variés. Par exemple, certains mouvements féministes vont toucher à la problématique de l'inégalité salariale, comme celui du #4Novembre16h1, date à laquelle les femmes travaillent bénévolement en France dû à l'écart de rémunération. D'autres vont particulièrement s'intéresser au domaine de la tech, qui est majoritairement masculin et souffre de nombreux stéréotypes, à l'image de 50inTech, un réseau de femmes cherchant à créer une tech inclusive.
Puis, les mouvements féministes n'utilisent pas les mêmes méthodes. En effet, les FEMEN par exemple sont connues pour avoir des méthodes radicales, comme leurs fameuses manifestations nudistes, une image choquante peut-être pour certain.es mais qui a le mérite de revendiquer ton droit de faire ce que tu veux avec ton corps.
Puis, d'autres figures comme le compte instagram @jemenbatsleclito vont adopter un action féministe plus éducative, cherchant à démocratiser des sujets pour aider les jeunes femmes à se sentir bien dans leur sexualité et à rejeter les comportements déviants, qui sont omniprésents dans notre société. Dans cette dynamique de sensibilisation, l'association féministe L'amazone colle des slogans dans la rue pour alerter sur les féminicides et les violences patriarcales.
Puis, les combats féministes peuvent être collectifs, sous forme d'associations, de manifestations ou solitaires, via la création d'un compte instagram ou simplement par des conversations que tu peux tenir à ton oncle un peu trop macho et sûr de lui.
Le principal est que tu te sentes à l'aise dans ta manière de lutter pour l'égalité. Il n'y a pas un mouvement mieux qu'un autre, le tout est que tu sois en accord avec toi même et avec ce que tu penses être juste. Tu n'as pas à t'en vouloir si tu trouves des méthodologies féministes trop rudes, tu n'as pas à remettre ton engagement en question si celui des autres ne te convient pas, il te suffit simplement de te tourner vers un mouvement féministe qui te ressemble, avec un sujet qui t'engage et une manière d'agir qui correspond à ta personnalité. Tu peux aussi créer ton propre engagement et façonner l'histoire.
Les différentes vagues féministes de l'histoire
Comme l'explique si bien Feminist in the City, les vagues féministes sont un bon moyen de retracer l'histoire du féminisme moderne à partir du 19ème siècle. Il s'agit de grandes vagues, qui regroupent une pluralité de mouvements, tous différents les uns des autres et qui ne sont pas les mêmes dans tous les pays. En effet, nous allons te parler ici des vagues féministes qui ont touché largement le monde occidental, en commençant par les pays anglo-saxons.
- Première vague : les droits civiques
En 1848, les femmes n'avaient aucun droit civique : ni le droit de participer à l'élaboration des lois, ni le droit de vote, ni le droit de propriété. Au Etats-Unis, des féministes de couleur se sont battues pour obtenir le droit de vote mais un amendement raciste s'est opposé à leur accorder, preuve qu'elles étaient doublement victimes de discriminations. Ce n'est qu'en 1920 que certaines femmes blanches obtiennent le droit de vote aux Etats-Unis, et en 1928 en Angleterre, ceci grâce au combat des Suffragettes. En France, il faudra attendre 1944.
- Deuxième vague : lutte contre le patriarcat
Ce mouvement féministe, qui aurait débuté en 1963, a pris sa source dans une publication féministe de Betty Friedman, qui a fait valoir que, contrairement aux stéréotypes, les femmes ne s'occupent pas seulement des tâches ménagères ni des questions de mariage. Les mouvements occidentaux de cette période de l'histoire se sont orientés vers : les droits reproductifs, le droit à un salaire et une éducation égale, le droit à un compte bancaire personnel et la médiatisation des violences patriarcales. Aux Etats-Unis par exemple, les mouvements féministes ont aussi lutté contre les stérilisations forcées des personnes de couleur et des personnes handicapées. Puis, les féministes ont marqué l'histoire en brûlant leurs soutiens-gorges. Encore une fois, les femmes activistes étaient souvent comparées à des aliénées.
- Troisième vague : lutte contre les harcèlements sexuels
Cette période a également été déterminante dans l'histoire féministe avec les premiers débats publics sur les harcèlements sexuels au travail. Une professeure de droit, Anita Hill, a dénoncé son agresseur sexuel Clarence Thomas, qui était candidat à un poste haut placé, à la Cour suprême des Etats Unis. Puis, cette période a permis de montrer à quel point les discriminations sur le genre étaient "intersectionnées", selon les termes de Kimberlé Crenshaw : les femmes subissaient d'autres formes de discriminations, en plus de celle basée sur le genre : raciales, socio-culturelles, traditionnelles. Judith Butler, à quant à elle, a mis en lumière la différence entre sexe et genre pour démocratiser les droits des transsexuels.
- Quatrième vague : nouveaux modes de communication
Il s'agit de l'utilisation des nouveaux modes de communication (réseaux sociaux notamment) depuis 2010 pour prôner le body-positivism, l'égalité, dénoncer les agressions et le patriarcat, ouvrir les esprits sur les différentes sexualités et genres, les stéréotypes, la création de rôles modèles et on en passe. Cette période féministe est plus personnelle, il s'agit d'une mise en lumière, de témoignages et d'une sensibilisation des jeunes femmes. Nous avons d'ailleurs répertorié les comptes Instagram féministes qui nous semblent importants à cet égard.
- Cinquième vague : l'engagement concret
Avec l'intensification du harcèlement en ligne et des fake-news en 2015, les organisations féministes se sont mobilisées plus fortement par des méthodes d'actions concrètes, la création d'associations et le rapprochement des luttes, comme par exemple les collectifs féministes qui collent des affiches contre les violences faites aux femmes et les féminicides. C'est l'histoire que nous sommes en train de créer.
Focus sur les féministes de France
La France, un pays connu et reconnu comme étant celui des droits de l'homme, a une belle histoire féministe. Oui, nous avons su nous révolter contre le patriarcat. Même si l'égalité n'est pas encore de mise, les révolutionnaires français·es ont su montrer de quel bois elles·ils se chauffaient.
Le féminisme a toujours plus ou moins existé en France. Du moins, il a commencé tôt dans l'histoire, au Moyen-âge. Christine De Pizan, une écrivaine de la Cour Royale à cette époque écrivait des ouvrages sur l'autonomie et l'éducation des femmes. Elle mettait en lumière des figures féminines du pouvoir.
Puis, au 17ème siècle, les femmes dirigeaient certains salons où des intellectuel·les se réunissaient, elles ont donc pu accéder à un espace culturel, favorisant l'esprit d'émancipation.
La Révolution française éclate en 1789 pour renverser les privilèges du clergé et permettre une réelle égalité des citoyens devant la loi. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen est un grand texte fondateur des droits humains et marque une grande rupture dans l'histoire. Néanmoins, il s'appliquait aux citoyens "actifs", dont les femmes étaient exclues pour la plupart.
Les féministes engagées dans la Révolution ont donc clamé leur mécontentement devant le Roi. Dans l'histoire féministe, des phrases de grands politologues, comme Nicolas Condorcet, sont restées gravés dans les esprits : "celui qui vote contre le droit d'un autre, quelle que soit la religion, la couleur ou le sexe de cet autre, a désormais abjuré la sienne" .
Malgré tous les efforts, les femmes restaient complètement marginalisées et avaient très peu de droits. Or, le combat avait démarré et cette marche vers l'égalité est heureusement impossible à stopper.
Notons les principales avancées féministes (elles sont tellement nombreuses qu'on ne peut pas toutes les citer) :
- Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, élaborée par la féministe Olympe de Gouges, qui contredisait les propos de Rousseau sur la soumission naturelle des femmes.
- En 1871, les femmes fondent des syndicats féministes de lutte contre l'inégalité salariale et demandent le droit au divorce et à l'éducation. Ces organisations se sont armées de brigades, composées de figures emblématiques comme l'enseignante Louise Michel ou le journaliste André Léo.
- En 1876, Hubertine Auclert, une journaliste et écrivaine française, se déclare pour la première fois "féministe". A l'époque, elle fait des propositions innovantes comme le mariage sous contrat, la demande de féminisation de certains mots, la modification du code civil napoléonien (1804) et le droit de se présenter aux élections.
- En 1897 sort "la Fronde", le premier quotidien féministe du monde, créé par Marguerite Durand. Ce journal est entièrement conçu et dirigé par des féministes.
- Au début des années 1890, le mouvement des suffragettes rejoint la France et combat pour le droit au vote. Ce n'est qu'en 1944 que ce droit fondamental est voté.
- 1903 : Marie Curie devient connue avec ses recherches sur la radioactivité et reçoit le prix Nobel de Physique, un domaine exclusivement masculin. Elle reçoit quelques années plus tard le prix Nobel de chimie. Elle devient un rôle modèle de taille pour les jeunes femmes.
- 1907 : les femmes (seulement mariées !) peuvent recevoir un salaire propre.
- 1938 : les universités deviennent mixtes et ouvertes aux femmes.
- 1956 : création de l'ancien planning familial, par une mouvement clandestin de femmes.
- En 1958, les femmes d'Algérie Française obtiennent enfin le droit de vote.
- En 1965 : les femmes mariées peuvent exercer un emploi sans l'accord de leur mari
- En 1967 : la contraception devient légale
- En 1971, le manifeste féministe des "343 salopes" vient plaider la cause de l'avortement. Des personnalités comme Catherine Deneuve ou Jeanne Moreau et Marguerite Duras déclarent avoir avorté illégalement.
- En 1972, l'égalité de rémunération est inscrite dans la loi.
- En 1975, grâce à l'engagement de Simone Veil, l'avortement est autorisé.
- En 1980, une loi vient condamner le viol comme un crime.
- En 2011, une loi visant les grandes entreprises vient veiller à l'accession à une véritable représentation des femmes dans les conseils d'administration et de surveillance.
- 2013 : abrogation de l'interdiction du port du pantalon pour les femmes, sachant qu'il s'agissait déjà d'un fait. Cette même année, une loi vient rembourser la contraception des mineurs de moins de 15 ans.
- En 2017, #BalanceTonPorc vient libérer la parole des femmes sur les harcèlements sexuels et les agressions au travail, après le scandale de l'affaire Weinstein. #MeToo élargi le premier mouvement au reste du monde.
- En 2020, l'index de l'égalité professionnelle vient calculer les inégalités entre femmes et hommes dans les entreprises et sanctionner les abus.
Comment continuer la lutte pour l'égalité et marquer l'histoire?
Une féministe engagée morte en 2020, année où la lutte féministe s'est intensifiée, offre aux jeunes générations sa force et son optimisme. Pour le coup, elle a marqué l'histoire. Dans le livre "une farouche liberté" Gisèle Halimi, cette grande avocate de renom, connue pour avoir défendu 5 femmes jugées pour pratique de l'avortement ou complicité lors du procès de Bobigny, livre une message inspirant.
"N'ayez pas peur d'être féministes. C'est un mot magnifique, vous savez. C'est un combat valeureux qui n'a jamais versé de sang. (...) Les féministes de ma génération se sont vaillamment battues. Nous avons arraché une à une des réformes qui profitent à toute la société française : loi sur la contraception, l'avortement, le divorce, reconnaissance du harcèlement sexuel comme un délit et du viol comme un crime, des mesures en faveur de la parité politique et de l'égalité professionnelle...
Disons qu'on a bien déblayé le terrain. Mais il faut une relève à qui tendre le flambeau. Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutues. Car les droits des femmes sont toujours en danger. Soyez donc sur le qui-vive, attentives, combatives ; ne laissez pas passer un geste, un mot, une situation, qui attente à votre dignité. Le vôtre et celle de toutes les femmes. Organisez-vous, mobilisez-vous, soyez solidaires. (...) Désunies, les femmes sont vulnérables. Ensemble, elles possèdent une force à soulever des montagnes et convertir les hommes à ce mouvement profond. Le plus fascinant de toute l'histoire de l'humanité."
Avec ces mots en tête, tu as le champ des possibles qui s'offre à toi. À Ada Tech School, nous avons décidé de marquer l'histoire en créant une école de code inclusive et féministe. Notre but est d'ouvrir les portes d'un monde encore très masculin à des jeunes femmes et des hommes engagé·es. Tu peux télécharger une brochure de présentation ou participer à une conférence en ligne pour en savoir davantage. Puis, tu peux toujours regarder les autres articles de notre blog : au programme : tech, féminisme, pédagogie inclusive et on en passe.
A propos d’Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.
L’école est située à Paris, Lyon et Nantes et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation, les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.