Peer learning, l'apprentissage entre pairs
Qu'est-ce que le peer learning ?
L’anglicisme « peer learning » veut dire apprentissage entre pairs. Son usage est devenu assez courant dans le domaine de la formation et il est parfois présenté comme une technique récente visant à favoriser un apprentissage nouveau. Pourtant, il n’y a pas une mais bien de nombreuses techniques d’apprentissage entre pairs, dont certaines datent de l’antiquité. Loin d’être le monolithe auquel on les résume parfois, ces techniques d'apprentissage ont chacune leur originalité, leurs avantages, et leurs inconvénients.
Quelles sont les différentes méthodes traditionnelles de peer learning ?
- Le tutorat
L’apprentissage entre pairs que nous avons le plus souvent croisé dans nos formations est le modèle du tutorat. Dans ce schéma, un·e étudiant·e avancée accompagne dans sa formation un·e étudiant·e novice sur un sujet. Ce modèle, bien que reproduisant des biais de l’éducation traditionnelle, mitige néanmoins certains d’entre eux. Ainsi, un·e autre étudiant·e sera souvent plus accessible qu’un enseignant prenant une posture professorale classique. Le fait d’être récemment passé par le même apprentissage créée une relation de connivence entre les deux étudiant·e·s. Le·la moins expérimentée peut ainsi trouver un cadre d’apprentissage plus personnalisé, plus accessible, là où le·la plus expérimenté·e pourra acquérir une compréhension plus profonde du sujet, notamment du fait des recherches supplémentaires qu’il·elle fera en amont, tout en offrant une formulation et une approche différente de celle d’un·e professeur·e ayant appris cette notion il y a plus longtemps.
- La technique Jigsaw
Mais d’autres techniques de formation proposent des approches effaçant totalement la notion de hiérarchie sachant/apprenant. Parmi elles, la technique Jigsaw – littéralement, pièce de puzzle - développée par Elliot Aronson dans les années 70. Il s’agit de constituer des équipes d’apprentissage au sein d’une classe. Le sujet à étudier est scindé en sous thématiques, et une personne de chaque équipe est en charge de chacune des thématiques. Les apprenant·e·s sont alors encouragés à explorer leur thématique avec tous leurs « homologues de thématique » des autres équipes. Au-delà de ses résultats sur l’apprentissage, cette technique favorise aussi l’intégration, notamment celle des minorités : chaque thématique étant indispensable à la compréhension globale du sujet, chaque apprenant·e devient de fait un·e acteur·trice essentiel du collectif.
Et dans une école informatique ?
Les pratiques de partage et de mise en commun sont imprégnées dans la culture logicielle : qu’il s’agisse de mettre à disposition son travail en open-source (et donc pouvoir ainsi bénéficier de regards extérieurs sur celui-ci), de poser une question sur des sites spécialisés d’entraide entre développeurs, la programmation se prête assez facilement à diverses formes d’apprentissage entre pairs.
On peut évidemment citer le pair-programming : dans cette pratique agile, un binôme de développeur·se·s s’attelle à la même tâche autour d’un clavier et d’un écran unique. Celui aux commandes écrit le code pendant que l’autre prend une posture d’observatrice, relisant le code qui est en train d’être produit, prenant du recul dessus, voire proposant des solutions alternatives. Un échange régulier de rôle permet d’inverser régulièrement la dynamique. Si l’apport de qualité estimé à 15% s’applique à tous les niveaux, cette approche apporte de nombreux avantages supplémentaires pour apprendre à coder. Ainsi, le partage d’astuces, les différences d’approche et l’allègement de la responsabilité individuelle – et de l’appréhension d’une débutant·e - sont autant de facteurs facilitant la formation. Le développeur peut ainsi acquérir des soft skills de développeur web qui lui seront utiles tout au long de sa carrière.
Le peer learning, solution à tous les maux ?
Si les apports de l’apprentissage entre pairs sont nombreux, il peut comme toute approche apporter également son lot de problèmes, et doit être guidé par des principes visant à mitiger ceux-ci.
Ainsi, le positionnement des apprenant·e·s dans leur rôle respectif doit être explicité : une posture de facilitation, non directive, est souvent la plus adaptée pour éviter de créer un biais inconscient chez les apprenant·e·s. Sans cela, celles bénéficiant d’un tutorat, auront par exemple tendant à se considérer «inférieures » à leurs tut·eurs·rices.
Dans ce type de situation où les apprenant·e·s ont un rôle différencié, c’est les qualités sociales de la plus expérimentée qui doivent primer, et non son expertise technique. Il peut d’ailleurs être intéressant d’accompagner les apprenant·e·s dans des aspects clés de ce rôle : comment donner du feedback correctif en cas d’erreur ou ce qu’est le renforcement positif.
De façon plus globale, ce sont les approches pédagogiques qui doivent être alignées, entre les sessions d’apprentissage entre pairs, et celles faites avec un encadrement plus professionnel, afin de donner une cohérence d’ensemble à l’enseignement donné.
L’apprentissage entre pairs mérite souvent d’être circonscrit à une situation précise, finie et bien déterminée, où on lui aura trouvé une valeur ajoutée par rapport à d’autres possibilités. A l’inverse, un changement régulier de modalités (situations, rôles, groupes) permet également d’éviter de ré-instaurer des dynamiques d’inégalité au sein du collectif.
Enfin, l’apprentissage entre pairs n’est pas la solution miracle, et ne saurait se substituer à l’encadrement d’une personne plus expérimenté·e. C’est particulièrement le cas dans les pédagogies qui se veulent actives, où l’expertise des encadrant·e·s leur permettra d’aiguiller l’apprenant·e dans sa recherche, sans pour autant la déposséder de son apprentissage, en lui proposant la destination sans le cheminement.
À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique inclusive, qui forme au métier de développeur·se en 21 mois. Elle a 3 campus : Paris, Lyon et Nantes (ouverture octobre 2022). Au sein de l'école, les apprenant·e·s apprennent en faisant grâce à une pédagogie alternative inspirée de Montessori, approchant le code comme une langue vivante et favorisant la collaboration et l’entraide grâce à des projets collectifs. L’école doit son nom à Ada Lovelace, qui fut la première programmeuse de l’histoire.
Après neuf mois de formation, les étudiant·e·s sont opérationnel·le·s et prêt·e·s à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école (Trainline, Deezer, Blablacar, JellySmack, Back Market, ...).
Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.