Stéréotypes sexistes dans la vie professionnelle : comment les combattre ?
Les stéréotypes de genre sont des caricatures fondées sur le sexe. Ils incarnent ce que c’est que d’être une « vraie fille » ou un « vrai garçon ».
Ainsi, un garçon ne joue pas à la poupée, aime le sport et excelle en mathématiques avant de devenir un grand ingénieur. Une fille aime la littérature, les enfants, et privilégiera sa famille au détriment de sa carrière.
Or ces normes sociales sont arbitraires et n’ont rien de biologiques. Aujourd’hui, les pilules roses et bleues ne passent plus.
Pourquoi ? Tout simplement car ces stéréotypes sexistes entretiennent un véritable fléau sociétal : les inégalités hommes-femmes. Elles forment le terreau de biais genrés qui influent sur toute la vie de l’enfant, de son orientation scolaire à sa vie professionnelle.
Heureusement, ces croyances limitantes reculent lentement. Grâce à la sensibilisation et à l’inclusivité proactive des nouvelles générations, les disciplines et les métiers tendent à être dégenrés.
Qui sait, peut-être que dans 20 ans, il y aura autant voire plus de femmes ingénieures, que les hommes ne craindront plus de s’orienter vers la petite enfance, et qu’enfin, chacun sera tout simplement libre de suivre ses aspirations professionnelles profondes…
Nous, on y croit ! Alors, prêt·e à comprendre et à combattre les stéréotypes dans la vie professionnelle ?
En France, les stéréotypes sexistes ont la vie dure
Tout d’abord, un peu d’Histoire !
En France, les notions d’égalité hommes-femmes ne sont arrivées que tardivement dans le paysage politique.
Tu n’es pas sans savoir que les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944. Dans le monde professionnel, les faits ne sont pas plus glorieux… Ces dates historiques parlent d’elles-mêmes :
- 1965 : Les femmes obtiennent le droit de gérer leurs biens propres et de travailler sans l’autorisation de leur époux
- 1972 puis 2006 : mise en place du principe d’égalité salariale
- 1983 puis 2001 : mise en place du principe d’égalité professionnelle
Malgré les efforts et les luttes de plusieurs générations de féministes, les progrès sont remarquablement lents. De nombreuses inégalités socioéconomiques et professionnelles perdurent.
Parmi elles :
- La sous-représentation des femmes aux postes haut-placés
Les femmes ne sont que 20% des cadres dirigeants. Quand bien même les parcours scolaires et universitaires des femmes n’ont cessé de s’améliorer jusqu’à dépasser ceux des hommes, leurs statuts hiérarchiques demeurent majoritairement en deçà. Elles se heurtent bien souvent à ce que l’on appelle le « plafond de verre », soit la rencontre d’obstacles pour accéder à des postes plus élevés dans la hiérarchie professionnelle. Cela vaut également dans les positions politiques influentes ou dans la recherche. Par discrimination ou autocensure, elles restent en bas de l’échelle. - La surreprésentation féminine aux postes à temps partiel
82% des temps partiels sont détenus par des femmes. L’une des explications à ce phénomène réside dans la niche familiale. En effet, la prise en charge des enfants et des tâches domestiques reste bien souvent une responsabilité féminine. Afin de concilier vie privée et vie professionnelle, elles sont nombreuses à devoir sacrifier leurs aspirations carriéristes pour s’occuper de leur foyer. - L’inégalité salariale subie par les femmes
Les femmes cadres dirigeantes sont sous-payées 32% de moins que les hommes pour un poste équivalent. En France, en 2020, les femmes travaillaient gratuitement à partir du 4 novembre. L’inégalité salariale est injustifiable et injustifiée. Cependant, les femmes se sentent pressurisées pour réussir et grimper les échelons. Elles souffrent notamment du « syndrome de la bonne élève », le besoin d’exceller en toutes circonstances dans le but de prouver leur valeur. Et lorsqu’elles y parviennent, elles sont, là encore, les plus touchées par un autre syndrome, celui de l’imposteur…
La raison de ces maux ? Les stéréotypes sexistes !
Les stéréotypes de sexe sont des représentations caricaturales sur ce qu’est et doit être une fille ou un garçon.
D’après le rapport du gouvernement relatif à la lutte contre les stéréotypes publié en 2014 :
La recherche d’égalité bute sur les attitudes et les rôles sociaux. En d’autres termes, les positions sociales des hommes et des femmes ne résultent pas uniquement de choix de vie individuels et rationnels mais aussi, et très profondément, d’habitudes, de clichés, de traditions, qui n’influencent pas seulement les goûts des individus mais aussi les institutions et les ressources qu’elles constituent pour chacun et chacune.
Rien n’est donc de l’ordre de l’inné biologique dans le fondement de ces inégalités. Il s’agit bel et bien d’un déterminisme social, fruit d’une société patriarcale, qui vient légitimer les injonctions genrées.
Tu te demandes peut-être pourquoi ces fléaux professionnels touchent autant les femmes. Comment l’expliquer ? Pour y voir plus clair, il est nécessaire de remonter à la source des stéréotypes sexistes qui ont engendré ces inégalités : l’enfance.
Les stéréotypes filles-garçons, terreau des inégalités hommes-femmes
Les stéréotypes de genre mettent à mal l’espoir d’une société égalitaire.
Bien que de nombreuses études l’appuient, nous avons déjà tou·te·s en tête les clichés sexistes selon lesquels le sport est davantage un « truc de garçon », les activités artistiques, un « truc de fille », mais aussi que les garçons sont forts et conquérants, les filles sensibles et passives, etc.
Longtemps, les petits garçons rêvaient de devenir astronaute ou pompier, et les petites filles, maîtresse ou danseuse. Les rayons jouets des enfants assignent, eux aussi, des activités, des couleurs ou des métiers selon le sexe.
Peut-être que toi aussi, malgré toi, tu penses automatiquement à « un » ingénieur, à « une » infirmière. Et tu n’en es pas coupable, car dès le plus jeune âge, tu as été confronté à des rôles genrés.
Ces croyances stéréotypées moulent les identités et l’imaginaire collectif. L’enfant se construit avec des « devoir-être » distincts, qui vont influencer ses choix et même générer des croyances limitantes en ce qui concerne les performances cognitives. Ainsi, une fille serait moins bonne en mathématiques mais plus forte en français. Ce que 30% des Français pensent toujours…
Selon Marie Lacroix, docteure en neurosciences, c’est définitivement faux :
Une différence structurelle cérébrale entre les sexes n’impliquent en rien des différences en termes de capacités cognitives.
Marion Monnet, docteure en économie, montrent que le genre des élèves influent sur leurs choix, mais cela est affaire de stéréotypes et non de conditions génétiques.
L’orientation scolaire dépend-elle du genre ?
Les choix en matière d’orientation scolaire sont affectés par ces biais genrés.
Ainsi, les disciplines scolaires ont également été sexuées : certaines sont jugées plutôt masculines (sciences, sports, techniques...) tandis que d’autres, plutôt « féminines » (français, sciences humaines, arts...). Les disciplines masculines sont associées à la réussite sociale tandis que les disciplines féminines sont dévalorisées.
D’après le rapport du gouvernement relatif à la lutte contre les stéréotypes publié en 2019 :
- 41,5% des terminales scientifiques sont des filles
- 28,5 % des ingénieurs sont des femmes
- Dans l’enseignement supérieur, les femmes sont 85% à suivre des formations paramédicales et sociale, 70% en langues, lettres et sciences humaines, et seulement 27% en formations d’ingénieurs et 37% en sciences et staps
On constate donc une très faible mixité et une forte tendance genrée dans certaines filières.
Malgré des mutations dans la distribution des rôles entre femmes et hommes, les choix d’orientation semblent peu enclins à l’évolution. Pourquoi ?
Confrontés à ces inégalités et à ces stéréotypes, les enfants finissent par intérioriser et réitérer ces schémas. On parle de « menace du stéréotype ». Cette réappropriation à un impact sur leurs performances et leurs choix, notamment en matière de carrière professionnelle.
La vie professionnelle, miroir des stéréotypes sexistes
Dans le monde du travail, les stéréotypes sexistes perdurent. Profondément ancrés, ils façonnent les mentalités et biaisent l’orientation professionnelle.
Ces données nous prouvent que les métiers sont incontestablement genrés :
- Seuls 17% des métiers sont mixtes (avec une proportion hommes/femmes comprise entre 40% et 60%)
- 99 % des salariés des établissements d’accueil des jeunes enfants sont des femmes (2014)
- 87,4 % des infirmier·ères sont des femmes (2014)
- Les hommes représentent 94 % des fonctions exécutives des sociétés cotées en bourse (2014)
- 35% de femmes sont élues au parlement en Europe (2017)
- Il n'y a que 23% de salariées dans les métiers du numérique (2017)
- On compte 17% de femmes dans les métiers de la programmation et du développement (2018)
Les métiers du « care » sont sur-représentés par la gent féminine, a contrario des sciences ou de l’informatique.
Ce que nous disent ces statistiques, c’est que les stéréotypes de sexe orientent subrepticement les choix de carrière selon notre genre. C’est pourquoi ces stéréotypes représentent une menace sociale en participant à la perpétuation des inégalités professionnelles.
Pour atteindre une société plus juste, il est donc essentiel de travailler à la déconstruction des schémas qui rendent chaque individu moins libre de ses choix, et les femmes moins égales en droits.
Les stéréotypes constituent des barrières à la réalisation des choix individuels tant des femmes que des hommes. Ils contribuent à la persistance des inégalités en influant sur les choix des filières d'éducation, de formation et d'emploi, sur la participation aux tâches domestiques et familiales et sur la représentation aux postes décisionnels.
Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes dans le système éducatif, 2013
Les leviers d’action pour combattre les stéréotypes sexistes
Si les stéréotypes sexistes ne sont que des constructions sociales, il peut toutefois sembler difficile de les déloger. En effet, sortir les genres de leurs cases demande beaucoup de patience, mais aussi de la rigueur et de la volonté.
Mais sois rassuré·e, un autre futur est possible ! Alors, comment sortir du prisme des stéréotypes sexistes et dégenrer les disciplines ?
Le moyen le plus sûr de lutter contre ces biais est de proposer des alternatives, en encourageant une participation égale d’hommes et de femmes dans des rôles habituellement genrés. Une fois que tous les docteurs, conducteurs, nounous et dirigeants seront également répartis entre hommes et femmes, et que cela sera visible dans les médias et partout ailleurs, alors nous pourrons faire évoluer nos associations inconscientes vers plus d’égalité. En attendant, prenons conscience de ces effets inconscients pour qu’ils cessent de nous berner.
The Conversation
Dès la prise de conscience effectuée, il faut agir. Il existe pour cela d’innombrables leviers d’action. Nous t’en présentons quelques pistes ci-dessous.
Endiguer les inégalités sexistes grâce à des mesures politiques
L’égalité femmes-hommes a été proclamée « grande cause du quinquennat » par le président de la République. Une série de mesures, bien qu’insuffisantes, ont tenté de lutter contre ce phénomène. Le gouvernement a notamment publié une série de recommandations à mettre en place à l’échelle nationale, dont tu pourras trouver le détail en cliquant ici.
Citons, par exemple, la question des quotas ou l’usage de l’écriture inclusive. En effet, dans la vie professionnelle, l’usage de l’écriture inclusive dès l’intitulé des offres d’emploi incite explicitement les femmes à postuler. Le poste de « Directeur/Directrice » paraît ainsi accessible à tous et à toutes.
Offrir davantage de rôles modèles brisant les biais genrés
Dès l'enfance, les enfants s’identifient à des modèles idéalisés. Comment inciter une jeune fille à se lancer dans les sciences ? En lui montrant que c’est possible, grâce aux grandes femmes historiques ou contemporaines. Entrepreneures, directrices, investisseuses, programmatrices…. Nous sommes entourés de femmes inspirantes pour les nouvelles générations. Mais il faut les rendre visibles !
Cela passe tout d’abord par une réforme des manuels scolaires. La sous-représentation féminine dans les disciplines enseignées à l’école ne témoigne pas du champ des possibles professionnel accessible aux femmes. Bien évidemment, il s’agit également de déconstruire les stéréotypes liés à la virilité, afin qu’un garçon attiré par les filières dites féminines ne se sente pas pointé du doigt.
Sensibiliser les jeunes au sujet du sexisme
Les stéréotypes sexistes ne se cantonnent pas à la vie professionnelle. C’est un problème systémique, qui, pour être résolu, doit être combattu dans toutes les sphères. Ainsi, les femmes subissent du harcèlement et des agressions sexuelles dans la vie quotidienne comme dans la vie professionnelle. La « main au cul » du patron sur l’employée, en 2021 c’est terminé, au bureau comme dans la rue !
Cette éducation passe par l’école, les médias, mais aussi le cercle social. En effet, chacun possède un rôle fondamental dans l’établissement des nouvelles normes de notre société. Sensibiliser et éduquer ses enfants hors des carcans genrés, briser les tabous, montrer l’exemple, dénoncer les violences sexistes… La parole se délie, profitons-en.
Respecter une charte anti-sexisme en entreprise
Le sexisme professionnel se joue à chaque étape de l’embauche. Malheureusement, il a été prouvé que pour un même CV, un candidat au nom masculin avait plus de chances d’être retenu et d’obtenir un meilleur salaire que son homologue féminin. Pour le démanteler, certaines entreprises préconisent le recrutement anonyme.
Aujourd’hui, certains secteurs mettent la diversité et l’inclusion au cœur de leurs stratégies de recrutement et de développement. C’est notamment le cas de la Tech, l’un des milieux professionnels comportant le moins de femmes.
Ada Tech School, la première école de code féministe, s’est donné pour mission de changer les lignes en créant notamment une charte entreprise avec les conseils à appliquer pour combattre les biais genrés dans la vie professionnelle.
Tu peux la télécharger en cliquant ici, et en savoir plus sur l’école en téléchargeant la brochure ici !
À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique inclusive, qui forme au métier de développeur·se en 21 mois. Elle a 3 campus : Paris, Lyon et Nantes. Au sein de l'école, les apprenant·e·s apprennent en faisant grâce à une pédagogie alternative inspirée de Montessori, approchant le code comme une langue vivante et favorisant la collaboration et l’entraide grâce à des projets collectifs. L’école doit son nom à Ada Lovelace, qui fut la première programmeuse de l’histoire.
Après neuf mois de formation, les étudiant·e·s sont opérationnel·le·s et prêt·e·s à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école (Trainline, Deezer, Blablacar, JellySmack, Back Market, ...).
Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.