Les différentes manières d'être développeur·se

Tech nov. 05, 2020

Développeuse front-end ou back end ? Salariée, freelance ou digital nomade ? En Javascript, Ruby, Html/css...? Mais qu'est-ce qu'une développeuse ?

Ce titre cache en fait énormément de fonctions différentes. Il se décline en fonction du langage informatique utilisé, du domaine d'expertise, du mode de travail choisi, du type de contrat signé, des projets et/ou side-projects entrepris, voire même du parcours qu'il a fallu suivre.

Faisons d'abord rapidement un tour d'horizon. En 2019, 88 000 postes ont été créés dans l'informatique et 191 000 seront créés d’ici 2022. Le secteur est donc prometteur. Malheureusement l'offre ne rencontre pas la demande puisque 11% des emplois dans le secteur de l’informatique ne sont pas pourvus en 2020.

Tu as donc tout intérêt à t'intéresser à l'informatique, car de nombreuses opportunités t'attendent au bout du chemin !

Si le secteur souffre encore de grands stéréotypes, il cherche aussi à attirer plus de femmes dans ses rangs. Pour l'instant, seulement 11% des diplômé·e·s en informatique sont des femmes, sûrement parce qu'elles sont moins naturellement orientées vers cette voie. Pourtant, leur implication permettrait de réduire drastiquement les problèmes liés au manque de diversité, notamment les biais genrés de certains algorithmes.

Une autre raison avancée pour expliquer le manque de femmes dans les métiers du numérique est l'absence de rôles modèles. C'est pourquoi, nous avons demandé à 3 développeuses de nous raconter leur parcours et nous présenter leur métier !

Ségolène Alquier

Ségolène rejoint Doctolib en mai 2020. Cet emploi est l'aboutissement d'une reconversion professionnelle. En effet, elle mène d'abord des études de droit et de langues, avant de compléter un MBA en école de commerce. Elle est ensuite embauchée dans une start-up en tant que Product Owner et est amenée à travailler avec des développeurs dont elle ne comprend pas du tout l'activité. Ce manque de compréhension la pousse à participer au bootcamp "The Hacking Project" pendant 2 mois et demi. Celui-ci a le mérite d'attiser sa curiosité, mais n'est pas assez complet. Ségolène, qui ne s'est auparavant jamais intéressée à l'informatique, décide de prendre part à la piscine de 42 en 2018. C'est ainsi qu'elle se spécialise en développement web, et entreprend des missions freelance en design et front-end. En parallèle, elle donne des cours à la Rocket School. Diplôme en poche, elle obtient un CDI chez Doctolib.

Marie Terrier

À l'inverse de Ségolène, Marie a toujours su qu'elle aimait l'informatique mais n'a pas voulu y consacrer ses études. Elle choisi plutôt une filière généraliste : une classe préparatoire puis une école d'ingénieur. En intégrant son école, elle se rend compte que beaucoup d'autres étudiants ont le même intérêt pour l'informatique... seulement, eux ont appris à coder en autonomie alors qu'ils n'étaient qu'au lycée. Pourtant persuadée d'avoir raté le coche, Marie décide, d'après les conseils de ses amis, de faire un stage pour découvrir le secteur de l'informatique. Pour cette première expérience, Marie part à Dakar où elle commence à suivre des tutoriels pour se former rapidement. L'informatique se révèle ainsi être une passion qu'elle cherche désormais à maîtriser en autodidacte. À la fin de ses études, elle postule en Inde en tant que Cheffe de projet. Cependant l'entreprise ne trouve aucun·e développeur·se francophone et décide de confier la mission à Marie. C'est ainsi que pendant 5 ans, Marie gravit les échelons de Développeuse Junior jusqu'à Encadrante et Cheffe de projet en développement (PHP et HTML). En rentrant en France, elle accepte de co-fonder la startup Yelda, dont elle devient la CTO.

En parallèle de son activité professionnelle, Marie est engagée dans la communauté Ladies of Code et est mentor au NodeSchool Paris.

Alexia Toulmet

Comme Ségolène, Alexia ne pensait pas devenir développeuse. Diplomée d'un bac ES spé Eco, elle entre à Sciences Po et obtient un Master en Affaires Publiques. Hésitante, elle s'oriente d'abord dans le Marketing et le Business Development. C'est ainsi qu'elle découvre le secteur de la tech. Une amie lui conseille alors de tenter la piscine de 42, qu'elle réussit ! Elle se spécialse dans la branche web (C, PHP, JS) et choisit Payfit pour se première expérience professionnelle. Elle se rappelle y avoir été extrêmement bien accueillie et accompagnée, mais très vite elle souhaite entreprendre d'autres projets comme l'enseignement. Elle se lance donc comme freelance, ce qui lui permet de créer ou de participer à des projets de code, et donner des cours chez Open Classroom.


Des parcours différents mais un point commun : on n'a jamais fini d'apprendre en informatique

Quelque soit le chemin emprunté pour devenir développeuse, nul·le ne peut se targuer de tout connaître sur le code. Même en entreprise, on continue à se former, on échange nos codes, on effectue des code reviews - c'est-à-dire des révisions de notre travail par un tiers - on partage nos expériences, nos erreurs pour progresser. Le travail d'équipe et l'existence de mentors sont deux éléments primordiaux dans le domaine de l'informatique.

L'esprit d'équipe est essentiel pour les développeur·ses

Le numérique est un secteur en constante évolution, des langages de programmation ou de nouvelles versions des langages exisants sont inventés tous les jours. C'est pourquoi l'échange et la communication sont au coeur du métier. Les seniors ne sont pas les seuls à pouvoir apporter leur expertise au sein d'une entreprise. Les juniors aussi, parce qu'ils ont été formés sur des versions ou des librairies plus récentes, ont beaucoup à transmettre aux membres de leurs équipes.

Ségolène nous confie d'ailleurs qu'un code n'est jamais utilisé tel quel : il doit être relu et validé par d'autres membres de l'équipe.

La distance physique n'est pas un problème

Développeur·se est un métier facilement exerçable en remote - à distance. Marie nous l'explique de cette façon : même lorsque l'équipe est rassemblée dans une même pièce, il est toujours difficile d'abandonner son code pour répondre immédiatement à une question. Les développeur·ses travaillent donc toujours de manière asychrone puisqu'ils·elles se rendent disponibles lorsque leur tâche est terminée. La distance ne menace aucunement ce fonctionnement. Au contraire, elle encourage la personne à formuler précisément sa question pour que celle-ci soit la plus claire possible à l'écrit, ce qui parfois peut débloquer la réponse automatiquement.

"Il ne faut pas s'effrayer de la distance pour le métier de dev. S'il y a bien un métier pour lequel ça roule, c'est celui-là" Marie Terrier.

Etre développeur·se c'est donc choisir un métier à l'épreuve des conjonctures, et qui favorise l'échange malgré la distance. Pour rappel, les deux premiers mois de Ségolène en tant que salariée chez Doctolib étaient à distance, et elle en garde un très bon souvenir !


Développeuse : quels postes, quels langages, quels projets

Software Engineer - Salariée

  • Ségolène est Software Engineer chez Doctolib. Elle est développeuse full-stack, c'est-à-dire spécialisée back-end et front-end, comme toutes les personnes de son entreprise.
  • Elle code en React pour le front et Ruby on rails pour le back. Ces deux langages n'étaient pas ses langages de prédilection au moment de postuler. Elle s'était auto-formée en React pour deux projets à 42 et avait abordé Ruby rapidement lors de son bootcamp.
  • Son projet actuel est intitulé EHR (Electronic Health Record), un carnet de santé en ligne qui sortira en 2021. Elle travaille sur la conception de tous les documents (ordonnace, certificats, lettres d'adressage) créés par le médecin lors d'une consultation. En mettant au point des templates et des modes de partage de ces documents, elle permettra au practicien de gagner du temps. Ce projet est la responsabilité d'une équipe de 4 à 6 dev.

Chief Technical Officer

  • Marie est CTO chez Yelda, c'est-à-dire Directrice de la technologie. Les responsabilités liées à ce poste diffèrent selon la nature et la taille de la structure. Chez Yelda, Marie travaille en duo avec le CEO depuis la création de la start-up. Ils ont tout d'abord étudié le marché, conçu leur produit - des assistants vocaux - et définit le rôle de celui-ci. En tant que CTO, Marie est responsable des choix techniques : le langage (Node js), la base de données, le mode d'hébergement du code, la conception de la POC, Proof of Concept ou version originelle du projet. Elle est aussi chargée du recrutement et de l'encadrement des développeur·ses.
  • Son emploi du temps est réparti entre : des réunions avec le CEO pour faire coincïder les besoins du clients avec ceux de l'entreprise, ainsi que pour définir la stratégie d'acquisition de nouveaux clients (1/4 du temps) ; du code (1/4) ; de la code review et de la veille pour optimiser le travaile des dev (1/2).  
  • L'aspect relationnel du projet est ce qui lui plaît le plus : elle doit être à l'écoute du client, se rappeler ses caractéristiques et ses attentes pour l'assister au mieux.

Développeuse full-stack en freelance

  • Alexia a choisi d'être une développeuse indépendante. Ses missions se succèdent et ne se ressemblent pas. Autrefois, elle acceptait de mener des projets de A à Z : de la compréhension du besoin du client, jusqu'à la production et la mise en ligne de l'interface. Désormais, elle ne se consacre qu'à une étape du projet en intégrant les équipes des entreprises qui ont besoin momentanément de ses services.
  • Un projet qu'elle a beaucoup apprécié est la conception d'une librairie d'une trentaine de composants. À chaque clic, une modale stylisée selon les besoins de l'utilisateur s'ouvrait. À cette occasion, elle avait intégré une équipe d'une dizaine de dev.

Etre une femme dans l'informatique : le syndrome de l'imposteur

Oui, ce syndrome se manifeste, et c'est normal !

Ségolène et Alexia reconnaissent l'avoir ressenti en arrivant à 42. Tout d'abord car elles n'y venaient pas par passion, comme certain·es participant·es, mais surtout parce qu'elles ne faisaient pas partie de la majorité masculine. Toutes deux ont douté de leurs capacités à aller jusqu'au bout. "On te dit souvent "tu vas voir si c'est fait pour toi" mais ce n'est pas vrai", nous dit Ségolène. Le développement est une matière qu'il faut creuser, pour laquelle il faut beaucoup travailler et s'entraîner. Tu es rarement au niveau dès le départ, donc tu n'apprécies pas tout de suite ce que tu fais. Si plus tu es doué·e, plus tu prends du plaisir à coder, alors les débuts ne font pas toujours plaisir. La clé c'est donc de persévérer et de ne pas se comparer.

"La difficulté lorsque l'on est une femme, ou une personne issue d'une minorité, c'est qu'on a l'impression de représenter toute la communauté qui nous ressemble." Ségolène

En tant que femme dans un univers principalement masculin, tu as tendance à penser que si tu échoues ou si tu éprouves difficulté, alors cela veut dire que toutes les femmes sont destinées à avoir un piètre niveau. Mais ce n'est pas vrai ! Tu as le droit à l'erreur, tu as le droit d'avoir des difficultés, et ça ne veut pas dire que ton niveau ne s'améliorera pas, ni que toutes les femmes ne peuvent coder.

Les conseils pour dépasser ce syndrome

  • S'entourer des bonnes personnes. Dans la vie il faut faire des choix, dont celui de s'entourer des personnes positives, qui ne te tire pas vers le bas. Ségolène se rappelle de la compétition entre les étudiant·es qui trop souvent l'a empêchée de donner le meilleur d'elle-même. Se concentrer sur soi et ne pas comparer sans cesse ses performances ou ses compétences à celles des autres, nous conseille-t-elle.
  • Faire confiance aux personnes qui nous font confiance. Ce conseil vient de Marie. Alors qu'on lui offrait une promotion, son premier réflexe avait été de douter de ses capacités à assurer ce nouveau poste. "Si tu as habituellement confiance en moi et en mes décisions, tu dois croire en celle-ci également", lui a répondu son manager.
  • "Fake it until you make it". Pour cela, Marie s'est inspirée du fameux Ted Talk. Parfois, adopter une position qui laisse penser que nous maîtrisons la situation finit par nous convaincre également. "Si on te pose une question à laquelle tu n'as pas réponse, prétexte ne pas avoir le temps d'en discuter, fais tes recherches, et reviens avec des résultats dont tu es sure", nous dit-elle. 😏
  • Ne pas se mettre de pression inutile. Plus facile à dire qu'à faire mais si important, selon Alexia. On est souvent trop exigeant·e envers soi-même par peur de l'échec, mais les conséquences sont parfois pires que cela. "J'ai fait un mini burn-out" nous confie Alexia sur ses débuts à 42. Force donc toi à relativiser !

Pour être accompagné·e, Marie nous conseille des communautés comme celle de Ladies of Code. Tu y trouves des témoignages, des retours d'expérience, des avis sur telle ou telle entreprise. Chez Doctolib, le channel "Women in Tech" regroupe toutes les femmes de l'entreprise et organise des événements et du mentorat.

"Il ne faut pas hésiter à demander en entretien quel est le taux de femme, et la position de l'entreprise vis-à-vis des questions d'égalité. [...] S'ils s'étonnent de la question ou s'ils n'ont pas d'éléments de réponse, pour moi c'est un no-go" Ségolène

L'avis d'Isabelle Collet sur "le sentiment d'imposture".


Pourquoi s'orienter dans la tech en tant que femme ?

  1. C'est un secteur qui bouge, avec énormément d'opportunités et bien rémunéré
  2. Plus il y aura de femmes, plus le secteur sera égalitaire
  3. Les équipes masculines aussi souhaitent compter des femmes dans leurs rangs
  4. On peut travailler de chez soi et gagner du temps pour entreprendre des projets personnels
  5. Les compétences techniques des dev sont très respectées au sein des entreprises
  6. C'est un métier d'expérience, qui embauche des talents plutôt que des diplômes
  7. Le code est un outil pour lutter contre les dysfonctionnements de la sociétés, notamment en terme de biais genrés

Que faire si l'on veut se lancer ?

  1. Coder le plus possible, les compétences viennent par la pratique, pas par le théorique
  2. Trouver des projets qui nous intéressent pour rendre l'entraînement plus agréable
  3. S'entourer pour bénéficier d'un regard extérieur. Certains groupes de dev facilitent la mise en relation pour trouver un·e mentor
  4. Couper tout lien avec les personnes qui n'encouragent pas notre progression
  5. Croire en soi, être patient·e, prendre du recul, constater ses progrès
  6. Ne pas considérer qu'il est trop tard pour s'y mettre ! Même les expériences passées qui n'ont pas de rapport avec la tech sont des atouts pour devenir développeur·se (À Ada Tech School par exemple, on s'intéresse à tes passions, tes voyages, tes centres d'intérêt, tes soft skills... 😉)
  7. Trouver une entreprise dans laquelle on sera accompagné·e

"Etre dev ce n'est pas que coder. C'est important d'avoir de l'empathie, de savoir bien communiquer et gérer des projets". Ségolène

Notre Directrice Pédagogique te donne d'autres conseils pour commencer à coder dans cet article.


En savoir plus sur Ada Tech School...

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris, Nantes et Lyon et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify. Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.

Juliette Leroux

Chargée de Communication

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