Informatique : ces 10 femmes qui ont marqué l'Histoire
Qui sont les femmes qui ont marqué l’Histoire de l’informatique ?
Si tu connais les grands noms masculins tels que Bill Gates ou Steve Jobs, il y a fort à parier que tu n’as pas entendu parler des 10 femmes pionnières de l’informatique que nous aimerions te présenter dans cet article.
Tu te demandes peut-être : pourquoi il y a si peu de femmes dans l'informatique ?
Cette question ne devrait pas exister. En effet, les femmes ont définitivement marqué le monde de l'ingénérie informatique. Elles ont juste été négligées.
L’effet Matilda, phénomène selon lequel les femmes sont les oubliées de l’Histoire, tend fort heureusement à se dissiper. Grâce aux études d’archives et aux articles de vulgarisation, ces informaticiennes et mathématiciennes sortent de l’ombre pour (re)trouver la reconnaissance qui leur est due.
En véritable rôles modèles, elles incarnent ce que l’informatique a cessé d’être au fil des ans : un domaine éminemment féminin. Les découvertes de ces femmes inspirantes déterminent encore aujourd’hui nos usages technologiques. À tel point que l’on considère que les femmes sont l’avenir de la tech…
Par manque de visibilité sur leurs travaux et découvertes, le domaine de la tech attire très peu de talents féminins. Pourtant, les métiers du numérique ne cessent de se développer et de créer du travail pour une nouvelle génération de développeuses passionnées. Il est temps de redorer l'image de l'informatique et de prouver que les femmes ont toute leur place dans ce domaine d'avenir.
Focus sur 10 femmes informatiques célèbres qui ont changé le monde de l'informatique et marqué l'histoire du code !
1. Ada Lovelace (1815 – 1852, Royaume-Uni) : l'inventrice du premier ordinateur
Ada Lovelace est la femme à l’origine de la machine considérée comme le tout premier ordinateur.
Un peu d'histoire s'impose.
Pionnière d’importance capitale en informatique, la comtesse Lovelace, fille du poète anglais Lord Byron, a été incitée à étudier les mathématiques par sa mère, Annabella Milbanke. La science des nombres anime très vite la jeune fille, qui se prend de passion pour cette forme d’expression lui permettant d’exprimer sa créativité.
Alors âgée de seulement 17 ans, ada lovelace fait la rencontre de son confrère londonien et mathématicien Charles Babbage, avec qui elle développe une machine analytique destinée à résoudre des problèmes mathématiques. Ada Lovelace élabore des théories sur le concept de la boucle et écrit les premiers algorithmes exécutés par la machine.
C'est bien une femme qui a invité le premier ordinateur.
Un langage de programmation développé dans les années 1980 a été baptisé « Ada », en hommage à la première programmeuse informatique de l’Histoire. Une source d’inspiration plus que centenaire !
2. Ida Rhodes (1900 – 1986, États-Unis) : créatrice du langage informatique C-10
D’origine ukrainienne, Ida Rhodes, née Hadassah Itzkowitz, a immigré aux Etats-Unis en 1913. Elle a étudié à l’Université de Cornell, où elle a obtenu une licence et une maîtrise en mathématiques en 1923, avant de poursuivre à l’Université de Columbia en 1930. Elle rejoint le Mathematical Tables Project en 1940, sous le mentorat de Gertrude Blanch.
Au début des années 1950, Ida Rhodes conçoit avec Betty Holberton le langage de programmation C-10 pour l’UNIVAC I, l’ordinateur du Bureau de recensement des Etats-Unis. La mathématicienne américaine est aussi reconnue pour avoir conçu l’ordinateur utilisé par la Social Security Administration et pour avoir contribué à la traduction automatique des langues naturelles, principalement du russe vers l’anglais.
Le ministère du Commerce lui a décerné une médaille d'or pour "son rôle de pionnière et ses contributions exceptionnelles au progrès scientifique de la nation dans la conception fonctionnelle et l'application de l'équipement de calcul numérique électronique". Une belle reconnaissance de son vivant pour cette pionnière de l’analyse des systèmes de programmation !
Après avoir pris sa retraite, Ida Rhodes a voyagé à travers le monde pour donner des conférences inspirantes et diffuser son savoir.
3. Grace Murray Hopper (1906 – 1992, États-Unis) : la première développeuse à l'origine du langage cobol
Surnommée « queen of software » par le journaliste David Letterman, Grace Murray Hopper était informaticienne et officier de la marine américaine. Ses travaux lui ont valu l'obtention de plusieurs récompenses, notamment la médaille presidentielle de la liberté, pour la programmation de l'ordinateur "harvard mark". Rien que ça.
Laissez-nous vous raconter ça en détails.
Diplômée en mathématiques à l’Université de Yale et réserviste de la Navy, Grace Murray Hopper a elle aussi contribué au développement de l’UNIVAC. Sa carrière est parsemée de grandes réalisations inspirantes. En effet, elle est la première programmatrice de l’ordinateur Harvard Mark I et a notamment inventé le COBOL (COmmon Business Oriented Language) en 1959. Ce langage informatique a rendu possible d’entrer des commandes directement en anglais, simplifiant ainsi le code.
Le langage "cobol" est inspiré du langage Flow-Matic, qu’elle avait inventé quelques années plus tôt et reste encore aujourd’hui le langage de prédilection des institutions bancaires internationales et des systèmes de gestion administratifs.
Elle reçoit en 1991 la National Medal of Technology par le président George Bush et en 2016, Barack Obama lui décerne la Médaille Présidentielle de la Liberté.
Fun fact, c’est la première personne à employer le terme de « bug » pour décrire un problème technique dans un système informatique. À l’origine, il s’agissait d’un véritable insecte introduit dans l’ordinateur et découvert par Grace Hopper.
4. Hedy Lamarr (1914 – 2000, Autriche) : l'informaticienne précurseure du Wi-Fi
Si tu lis cet article aujourd’hui, c’est en partie grâce à l'informaticienne Hedy Lamarr. Actrice hollywoodienne passionnée d’ingénierie informatique, hedy lamarr est considérée comme étant la précurseure du Wi-Fi.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, elle met au point avec le musicien George Antheil un système secret de communication appliqué aux torpilles radioguidées au service de la Navy. Autrement dit, cette technologie permettait, pendant la guerre mondiale, de rendre une attaque sous-marine difficilement repérable par les ennemis.
Sa méthode était fondée sur le principe d’étalement de spectre par saut de fréquence. Le signal d’information était ainsi diffusé sur différentes fréquences radio, compliquant son interception. Ce système est encore utilisé dans la plupart des transmissions militaires cryptées.
Last but not least, il s’agit de l’ancêtre de ces technologies dont on ne peut plus se passer aujourd’hui : le GPS, le Bluetooth, et le Wi-Fi !
From Extase to Wifi, un documentaire sorti en 2018, retrace l’histoire inspirante d’Hedy Lamarr.
5. Karen Spärck Jones (1935 – 2007, Royaume-Uni) : précurseure de Google et de l'intelligence artificielle
Karen Spärck Jones, informaticienne britannique et programmeuse autodidacte, a travaillé dans les domaines de l’intelligence artificielle, et plus principalement dans celui du traitement automatique du langage naturel dès les années 1980.
Durant ses études en histoire et en philosophie, elle rencontre la responsable de l’Unité de recherche linguistique de Cambridge, Margaret Masterman, avec qui elle travaille pour faire comprendre aux ordinateurs le langage humain.
Elle est ainsi à l’origine du concept de fréquence de document inverse, dont la technologie se trouve au fondement des moteurs de recherche modernes tels que Google ! Grâce à ses recherches sur les systèmes intelligents dans le cadre du programme britannique Alvey, elle a permis une grande avancée dans les projets sur l’IA.
En 1994, elle est nommée présidente de l’Association de linguistique informatique. Comble de la consécration : elle reçoit en 2007 la médaille Lovelace de la British Computer Society, attribuée aux personnes qui ont fait progresser l'informatique.
6. Jean Bartik (1924-2011, Etats-Unis) : les ENIAC Girls, programmatrices d'élite
En 1943, durant la seconde guerre mondiale, l’armée américaine se lance dans la création du premier ordinateur électronique au monde. L’Université de Pennsylvanie appelle six mathématiciennes à concevoir le code d’ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer).
Ces scientifiques s’appelaient Betty « Jean » Bartik, Betty Holberton, Marlyn Meltzer, Ruth Teitelbaum, Kay Mauchly Antonelli et Frances « Fran » Spence. Chacune a un parcours différent mais toutes sont réunies par leur passion commune pour les sciences informatiques. Lorsqu’elles se lancent dans cette mission durant la seconde guerre mondiale, elles partent de zéro et sans connaissances particulières en informatique.
Ces programmatrices d’élite sont chargées de coder l’ordinateur "electronic numerical integrator" dont l’objectif est d’optimiser la trajectoire des missiles de guerre en un temps record. A l'époque, cette machine doit remplacer les centaines de femmes qui calculent les trajectoires manuellement.
Longtemps oubliées, elles accèdent finalement à la postérité en 1997 lorsque Jean Bartik est décoré du prix des pionniers en informatique, puis en 2013, grâce à un documentaire inspirant qui leur est consacré.
Le "numérical integrator computer" (ENIAC) est une prouesse technologique entièrement féminine et on est fière de le crier haut et fort !
7. Adele Goldberg (1945 –, États-Unis) : programmatrice du langage Smalltalk
Adele Goldberg, informaticienne américaine, a eu une influence majeure dans la conception des premiers ordinateurs modernes.
Alors qu’elle travaillait au Palo Alto Research Center (PARC) dans les années 1970, elle a participé au développement du langage de programmation Smalltalk-80 et de concepts liés à la programmation orientée objet. Cette technologie est rapidement devenue fondamentale dans la création des interfaces graphiques grâce à son format novateur.
Ce langage a été utilisé par Apple dans la programmation du premier ordinateur Macintosh. Toutefois, Adele Goldberg a publiquement déploré avoir été forcée de faire une démonstration de ses travaux à Steve Jobs et à son équipe, qui se sont bien évidemment emparés de ses idées de génie...
Son rôle de pionnière dans le développement de l’ingénierie logicielle moderne fait d’elle l’une des nombreuses femmes inspirantes oubliées par l’Histoire de l’informatique.
8. Margaret Hamilton (1936 –, États-Unis) : programmatrice des logiciels Apollo
Margaret Hamilton est la femme à l’origine du premier pas de l’homme sur la Lune. En effet, c’est le code informatique mis en place par l’informaticienne américaine qui a permis le succès de la mission Apollo 11 en 1970. C’est notamment grâce à ses programmes que le vaisseau a pu auto-corriger une menace informatique et réussir son alunissage.
Comment en est-elle arrivée là ? Margaret Hamilton, diplômée en mathématiques, a intégré le Massachusetts Institute of Technology où elle a développé des programmes de prévisions météorologiques. Grâce au succès du projet SAGE, elle est recrutée par la NASA en 1960, alors âgée de 24 ans. C’est dans le cadre de son poste de directrice du département de génie logiciel qu’elle se voit confier la programmation des logiciels d’Apollo 11.
La carrière de margaret hamilton à la Nasa jouera un rôle important dans l’évolution de l’ingénierie logicielle, qui n’était alors qu’à ses balbutiements. Elle continuera de travailler sur les missions Apollo et sera décorée en 2003 par l’Exceptionnal Space Act Award de la NASA.
9. Joan Clarke (1917-1996, Royaume-Uni) : cryptanalyste de la seconde guerre mondiale
Joan Clarke, cryptologue britannique, est célèbre pour sa participation au décryptage de la machine Enigma.
La machine, créée par Arthur Scherbius en 1919, était destinée à coder les communications du Troisième Reich durant la seconde guerre mondiale. C’est donc en pleine guerre navale entre le Royaume-Uni et l’Allemagne nazie que Joan Clarke met à profit ses connaissances informatiques.
La mathématicienne, qui a étudié à Cambridge, collabore avec Alan Turing et son équipe dans la création de la machine « The Bomb », l’un des premiers ordinateurs de l’histoire qui permit de déchiffrer la communication nazie. Elle devient rapidement l’une des meilleures pratiquantes de la cryptanalyse.
Grâce à ses travaux, John Clarke fut décorée en 1947 et élue membre de l'Ordre de l'Empire britannique. Son histoire inspirante est retracée dans le film Imitation Game, sorti en 2014.
10. Roberta Williams (1953 –, États-Unis) : créatrice du premier jeu d’aventure graphique Mystery House
Longtemps considéré comme masculin, le milieu du gaming compte néanmoins des femmes parmi ses pionnier·e·s. L’une d’elle est à l’origine du premier jeu d’aventure graphique, le fameux Mystery House. Il s’agit de Roberta Williams.
La créatrice de jeu-vidéo américaine a mis au point Mystery House en 1980, avec son mari Ken Williams. Autrefois en mode texte uniquement, le monde du jeu-vidéo est alors propulsé dans une nouvelle dimension.
Depuis lors, et face au succès de son jeu, Roberta Williams et son compagnon montent leur entreprise, On-Line Systems. On leur doit notamment les fameux jeux King’s Quest ou Dark Crystal.
Le travail d’écriture et de design du jeu-vidéo conçu par Roberta Williams représente un véritable tournant dans le secteur du gaming et a inspiré de nombreuses générations. Le couple retraité a d'ailleurs fait son grand retour en juin 2021 avec le projet The Secret.
Où sont passées les femmes dans l’informatique aujourd’hui ?
Nous n’en avons sélectionné que 10, mais les femmes pionnières dans l’histoire de l’informatique sont nombreuses : Katherine Jonhson, Kathleen Antonelli, Mary Allen Wilkes, ... dont certaines font partie de notre exposition sur les femmes dans l'informatique (1).
De plus en plus célébrées pendant la journée de la femme digitale ou encore durant la journée internationale des droits de la femme, ces figures emblématiques de l'informatique mériteraient d'être citées plus que 2 jours pas an.
Pourquoi, de nos jours, les femmes semblent avoir disparu de l’informatique ? Quelle devrait être la juste place des femmes dans le domaine de la programmation ?
C’est la question que se pose Isabelle Collet dans Les oubliées du numérique. Elle y révèle l’importance majeure du rôle féminin dans l’informatique, ainsi que les raisons de son déclin. En effet, la censure des travaux des femmes dans le domaine, Isabelle Collet l'explique par la montée en puissance de l'informatique, l'arrivée des ordinateurs personnels et par l'ancrage des stéréotypes de genre dans le secteur.
Une chose est sûre, ce n’est pas une fatalité, et les femmes sont plus que jamais décidées à réinvestir le milieu de l’informatique et à faire évoluer les programmes informatiques de demain. La parité homme-femme dans l'informatique est une nécessité pour créer un monde plus inclusif.
Les femmes dans le numérique ont une revanche à prendre.
Si toi aussi, tu souhaites te lancer dans le monde merveilleux de la programmation, tu peux t’initier au code grâce à notre kit débutant (2), ou candidater à notre formation de développeur web Ada Tech School !
À propos d'Ada Tech School
Ada Tech School est une école d’informatique inclusive, qui forme au métier de développeur·se en 21 mois. Elle a 3 campus : Paris, Lyon et Nantes. Au sein de l'école, les apprenant·e·s apprennent en faisant grâce à une pédagogie alternative inspirée de Montessori, approchant le code comme une langue vivante et favorisant la collaboration et l’entraide grâce à des projets collectifs. L’école doit son nom à Ada Lovelace, qui fut la première programmeuse de l’histoire.
Après neuf mois de formation, les étudiant·e·s sont opérationnel·le·s et prêt·e·s à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école (Trainline, Deezer, Blablacar, JellySmack, Back Market, ...).
Aucun pré-requis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines. Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.
Les ressources liées :
(1)https://adatechschool.fr/exposition/
(2)https://adatechschool.fr/kit-debutant/