Pourquoi faut-il changer l'école ?

L’école traditionnelle est morte. Vive l’école alternative !

Angel Fragoso, Head of Product chez Ada Tech School, te parle de la révolution pédagogique qui se trame au sein de la première école de code féministe.

C'est dès son plus jeune âge, dans une école Montessori, que les graines de l’éducation alternative ont été plantées dans son esprit. Aujourd’hui, son travail consiste à créer les outils nécessaires à une bonne expérience d’apprentissage pour tous les apprenant·e·s.

Si tu souhaites en savoir plus sur la pédagogie alternative, ses innovations et ses bienfaits, découvre ci-dessous la passionnante interview d’Angel !

Angel Fragoso, Head of Product à Ada Tech School

Comment décrirais-tu le fonctionnement “traditionnel” de l’école ?

Après avoir expérimenté plusieurs systèmes d’éducation, j’ai pu identifier certains traits propres à l’école traditionnelle que la pédagogie alternative tente de contrer. Tout d’abord, la relation entre les professeur·e·s et les élèves est celle de sachant·e·s versus ignorant·e·s. L’école traditionnelle n’implique pas d’autonomie, ni d’appropriation de l’apprentissage. Elle met les élèves dans un état passif de réception des connaissances.

Un autre élément marquant est le système de notes, qui répond au besoin de quantifier les connaissances acquises. Les notes impliquent aussi une compétition, donc moins de collaboration. La réussite personnelle prévaut sur la réussite collective.

C’est un fonctionnement déconnecté de la réalité du travail, ce qui est prouvé par le fait que de nombreux·ses diplômé·e·s peinent à trouver leur premier emploi. Il s’agit d’un système éducatif pensé il y a longtemps, et qui n’a pas été réformé pour s’adapter aux évolutions de la société.

Enfin, on constate un évident manque d’inclusivité dans l’école traditionnelle. Ce sont souvent les mêmes profils que l’on retrouve dans les filières dites scientifiques, avec une reproduction d’un même schéma social selon le genre et le milieu socioéconomique. L’école traditionnelle fait qu’on perpétue des modèles préexistants au lieu de favoriser l’inclusivité et l’ascension sociale.

Quelles sont les choses à faire évoluer ?


Il faut donner les clés aux apprenant·e·s pour qu’iels s’approprient leur apprentissage, qu’iels déterminent ce qu’iels veulent faire, quelles compétences iels veulent acquérir et quel est le meilleur chemin pour y parvenir. Contrairement aux matières obligatoires imposées dans l’école traditionnelle, la pédagogie alternative promeut la liberté de choisir. Il s’agit là de former des personnes compétentes mais également autonomes et “empouvoirées”. Ces personnes seront ainsi plus enclines à être actrices de changement dans la société.

Ensuite, il faut favoriser la collaboration, notamment par des projets de groupe. Personnellement, je me souviens n’en avoir eu qu’un durant mes deux ans de classes préparatoires... L’école traditionnelle manque de travail collaboratif alors que la réalité de l’emploi fait qu’on est toujours en communauté, à créer ensemble.

Concernant l’inclusivité, il faut se demander comment rendre toutes les formations accessibles à tous·tes. Ce n’est certes pas évident car cela demande beaucoup de financement public. Cette inclusivité passe aussi par la valorisation de rôles modèles, notamment pour les femmes qui ne se projettent pas dans une filière tech très masculine. Si une femme souhaite devenir développeuse et travailler dans une entreprise à la pointe de la technologie, il faut lui montrer que c’est possible, qu’il existe des femmes inspirantes qui réussissent.

Les projets collectifs, moments forts de la scolarité des apprenant·e·s à Ada Tech School

Est-ce difficile d'insuffler ces changements ?


C’est difficile de changer une façon de penser, d’agir. On le voit chez Ada Tech School, la période d’adaptation à la pédagogie alternative proposée n’est pas toujours évidente. Il y a beaucoup de liberté, ce qui implique de sortir de sa zone de confort. On se sent moins en sécurité parce qu’il n’y a pas de voie toute tracée.

Chacun·e est invité·e à élargir sa zone d’expérimentation. Et qui dit autonomie, dit tentatives et donc échecs. Il faut apprendre à se tromper et l’accepter, ce qui n’est pas très valorisé dans une école traditionnelle, où règne la peur de l’échec. Chez Ada Tech School on veut déconstruire cette perception pour dire que l’échec n’est pas la fin, mais juste un moyen pour évoluer.

La communication est une autre compétence que l’on travaille tout au long de notre vie. On risque d’être amené à travailler avec des personnes différentes, qui ont d’autres parcours de vie. La pédagogie alternative travaille sur le développement de l’écoute, de la bienveillance, du travail en équipe, de la communication non violente.

Un dernier point pas évident à transformer : le système de notation. Dans l’école traditionnelle, les notes permettent de vérifier que les personnes ont les compétences nécessaires. Changer de paradigme perturberait tout le référentiel de l’éducation nationale, qui se base sur ces points pour évaluer des milliers d’élèves. C’est pourtant nécessaire de repenser ce fonctionnement pour vérifier que les apprenant·e·s sont adapté·e·s au monde du travail d’aujourd’hui.

Il y a enfin un très grand challenge d’un point de vue sociétal au niveau de la création de rôles modèles. Déconstruire la masculinité dans les voies scientifiques, mettre en lumière les femmes du secteur, c’est offrir la possibilité à des femmes d’être inspirées. Parfois, l’environnement familial ou amical va avoir une influence négative sur la confiance en soi. Les femmes peuvent être découragées dans leur envie d’emprunter cette voie et doivent redoubler d’efforts pour rester motivées. De plus, elles seront davantage victimes du syndrome de l’imposteur, du syndrome de la Schtroumpfette ou du syndrome de la bonne élève. La pression pour cocher 100% des compétences est très forte.

Comment décrirais-tu l’école idéale ?


D’un point de vue purement pédagogique, l'idéal serait de changer de perception, de ne plus le voir l'apprentissage comme une peine, mais comme un espace d’expérimentation où on peut se développer, grandir non pas seulement en terme de compétences, mais aussi en tant que personne. C’est ce que j’ai vécu à l’école Montessori quand j’étais enfant. Pour moi, aller à l’école c’était fun, alors quand j’ai découvert que dans les écoles classiques, les enfants n’avaient pas envie d’être là, je n’ai pas compris. Il faut donc arriver à donner envie d’apprendre.

L’école idéale, c’est aussi une école qui prépare les personnes à avoir un impact positif dans la société, à être actrices du changement, à inspirer d’autres personnes à agir à leur tour pour accompagner les autres. Une pédagogie alternative réussie permettrait de rendre la sortie de sa zone de confort plus douce. Si on devait y penser des années plus tard, on se dirait que c’était une période agréable, qui nous a permis d’arriver là où on est, sans avoir été enfermé·e dans une case.

L'école idéale transmet l'envie d'apprendre

Pourquoi parle-t-on d’école Montessori de la tech ?


Il y a deux éléments très présents dans la pédagogie Montessori. Premièrement c’est l’apprentissage par la pratique, qui se prête particulièrement à la tech. En effet, il faut coder, tester, voir ce qui marche ou non, expérimenter, apprendre par l’erreur.

Deuxièmement, en tant qu’école Montessori de la Tech, Ada Tech School permet aux apprenants de s’approprier leur apprentissage en leur donnant une trame pour devenir développeur en 21 mois. Chacun·e choisit le rythme le plus adapté, fixe soi-même ses objectifs, selon son niveau d'énergie ou son état émotionnel du moment.

Quelles seraient ses valeurs en 3 mots ?

  1. Empowerment : pour permettre aux apprenant·e·s de gagner en autonomie et appréhender cette liberté.
  2. Expérimentation : liée à l'échec, pour savoir se tromper et dédramatiser.
  3. Bienveillance : nécessaire pour sortir de sa zone de confort. Elle doit avoir lieu entre apprenant·e·s et encadrant·e·s. L’école alternative idéale crée le bon cadre d’écoute et de communication pour partager ses émotions et évoluer sans crainte du jugement. Cela ne veut pas dire que c’est rose tous les jours, mais c’est nécessaire pour avancer dans de bonnes conditions. Cette bienveillance est aussi nécessaire à l’inclusion, afin que chacun trouve sa place. C’est notamment la force d’Ada Tech School, qui promeut ces valeurs également à travers le choix de ses encadrant·e·s, aux profils variés mais toujours bienveillant·e·s.
Le bienveillance est l'un des piliers de la pédagogie alternative

Quels sont les piliers de la méthode pédagogique Ada Tech School ? Autrement dit, comment apprend-on à Ada Tech School ?


Pour favoriser l’expérimentation, Ada Tech School met en place beaucoup de projets et d’exercices pratiques pour se confronter soi-même, ou en groupe, aux problèmes. Cela permet d’acquérir aussi bien des hard skills que des soft skills.

Côté professionnalisation, on essaie de préparer les apprenant·e·s à la vie d’entreprise au maximum, grâce à l’alternance, les entretiens blancs, les masterclass ou les talks.

Enfin, pour faire éclore la bienveillance au sein de notre école alternative, on met en place des rituels pour rythmer le quotidien. Par exemple, les apprenant·e·s se réunissent dans l’espace commun en fin de journée pour exprimer leur ressenti, leur point de vue, leur objectif, une émotion, etc. La règle est de ne pas y répondre, de simplement écouter. Les encadrant·e·s sont les garant·e·s de ce safe space. Iels sensibilisent à la communication non violente et savent intervenir en cas de conflit.

Qu’est-ce qui te motive ou te rend le plus fier dans ton métier ?


Ce qui me motive, c’est de voir l’impact de ce que l’on fait à Ada Tech School. On permet à des personnes qui ne l’avaient pas envisagé de changer de vie.

Concrètement, on a le cas d’un alternant qui était chez ManoMano et qui a été embauché en CDI alors qu’il n’avait pas le Bac. On lui a donné l’opportunité d’avoir un travail dans une boîte qu’il apprécie beaucoup sans avoir le bagage classique. Un autre exemple est celui d’une alternante issue des Beaux-Arts et qui est maintenant passionnée par tout ce qui est infrastructure dans la tech. Ada Tech School permet de créer des passerelles à des personnes qui n’avaient pas d’autres moyens pour entrer dans la tech.

Autre chose dont je suis fier, c’est de faire partie de cette école alternative qui parvient à faire quelque chose de difficile - et que l’éducation nationale n’a jamais fait : innover. On a un terrain de jeu pour expérimenter tout en ayant un réel impact, c’est super motivant. C’est une chance rare d’avoir une équipe aussi motivée et alignée avec les valeurs de l’école.

Dans quelques années, les personnes qui sont passées par Ada Tech School seront développeuses dans de grandes boîtes tech, et je l’espère, vont à leur tour essayer d’insuffler plus d’inclusion, de changer les codes de l'entreprise de l’intérieur.

Personnellement, je suis toujours heureux d’entendre que certain·e·s de nos apprenant·e·s ont osé se lancer grâce à la diversité représentée dès nos premières promotions.

Les apprenant·e·s partagent des moments d'écoute lors de la clôture

Y a-t-il quelque chose qui t’inspire au quotidien ?


Le maître ignorant est un livre qui raconte l’exploit d’un prof d’université. Il devait relever un défi, apprendre le français à des personnes qui ne parlaient que le flamand. Il a poussé les élèves à comparer les deux versions du livre pour déchiffrer la langue française. En développant leur autonomie, il a réussi à faire ce qui paraissait alors impossible. Il incarne toute une philosophie : comment un maître ignorant peut accompagner des apprenants pour qu’eux-mêmes trouvent la voie ? Cette citation, qui résonne bien avec Ada Tech School, résume bien le propos :

L'instruction est comme la liberté, cela ne se donne pas, cela se prend.
Le maître ignorant, Jacques Rancière

Je suis aussi impressionné par l’avant-gardisme de l’école du Bauhaus. Elle était destinée à démocratiser l’accès au design et au métier d’artiste, notamment aux femmes qui en étaient exclues. Il y avait aussi une volonté de créer des ateliers pratiques de différentes disciplines. Ada Tech School a beaucoup de points communs avec cette approche, qui a émergé il y a tout de même près d’un siècle.

Quelles sont les preuves ou les résultats qui prouvent qu’Ada Tech School est sur la bonne voie ?

Il y a des choses pragmatiques, comme le fait que nos alumnis trouvent un CDI. Nous avons de très bons résultats de conversion et d’intégration dans nos entreprises partenaires grâce à notre haut taux d'employabilité. Ce qui prouve qu’il est possible de devenir développeur·se en 21 mois.

On assiste aussi à une forte croissance de nos promotions, car de plus en plus de personnes cherchent une école alternative, féministe. Ce message résonne aussi avec les entreprises, une chose essentielle car on ne peut pas changer le monde sans elles. Nos partenaires souhaitent vraiment faire bouger les lignes, sans feminism washing. Le positionnement d’Ada Tech School et ses missions fonctionnent car c’est un réel besoin sociétal.

Les apprenant·e·s sont réellement formé·e·s pour le monde du travail de demain

Quels sont les avantages de cette nouvelle manière d’apprendre pour les apprenant·e·s ?


D’un côté, la pédagogie alternative permet de prendre conscience que l’apprentissage est une expérience de vie. Elle façonne cette façon de penser pour toute la vie professionnelle mais pas que. On peut se l’approprier dans la vie quotidienne.

Cette manière d’apprendre, c’est aussi la découverte d’un safe space qui permet de commencer une nouvelle vie, une nouvelle carrière, dans un cadre bienveillant et inclusive, donc plus sereinement.

Grâce à cette pédagogie alternative, on voit des personnes épanouies dans leur métier, motivées, bien dans leur emploi et la société, ce qui n’est pas toujours évident.

En quoi cela permettrait-il même de changer la société ?


La pédagogie alternative transmet des valeurs fortes. Elle permet à des personnes de s’engager à leur tour pour changer la société, d’être porte-parole de leur propre combat. Je rêve du jour où on aura des alumnis qui deviendront encadrant·e·s à Ada Tech School, ou alors d’avoir des développeur·se·s qui deviennent managers et favorisent l'inclusivité dans leur entreprise tech. Ce serait incroyable de perpétuer ce cercle vertueux.

J’espère aussi que l’on pourra servir d’inspiration à l’éducation nationale, aux professeur·e·s, en leur permettant de voir qu’il existe d’autres façons de faire pour avoir un impact à plus grande échelle.

Enfin, la création de rôles modèles à qui on aura permis d’émerger amènera progressivement davantage de femmes dans la tech.  

Le quotidien à Ada Tech School : l'école où on se sent bien ! 

Si rejoindre une école alternative t'intéresse, n'hésite pas à lire notre brochure et à candidater !

À propos d'Ada Tech School

Ada Tech School est une école d’informatique d’un nouveau genre. Elle s’appuie sur une pédagogie alternative, approchant le code comme une langue vivante, ainsi que sur un environnement féministe et bienveillant. Elle doit son nom à Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire.

L’école est située à Paris et accueille chaque promotion pour deux ans. Après neuf mois de formation les étudiants sont opérationnels et prêts à réaliser leur apprentissage - rémunéré - pendant douze mois dans une des entreprises partenaires de l’école comme Trainline, Deezer, Blablacar ou encore Botify.

Aucun prérequis technique n’est exigé pour candidater. Il suffit d’avoir plus de 18 ans. La sélection se fait en deux temps : formulaire de candidature puis entretien avec une réponse sous 2 semaines ! Pour plus d’informations sur la formation, télécharge notre brochure de présentation.